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«Mixité choisie, profitable à touxtes!»

Aurélie Dupuis argumente en faveur de la «mixité choisie».
Société

Récemment, l’AMR (Association pour l’encouragement de la musique improvisée) organisait pour la première fois une soirée d’improvisation en mixité choisie, entre femmes et personnes LGBTQIA+. Cette décision a été directement attaquée dans l’émission La Matinale de la RTS par le président des Jeunes UDC de Genève, Jason Détraz. Selon lui, cette proposition désavoue les contributions d’une population masculine qui paie ses impôts et soutient ainsi les activités des associations subventionnées telles que l’AMR, et discrimine cette même population. L’UDC genevoise réfléchit en conséquence à une stratégie pour empêcher de tels évènements, par le biais d’une motion au parlement cantonal ou d’une plainte pénale pour discrimination basée sur l’orientation sexuelle.

Dans ce contexte, il me paraît urgent de revenir sur la question de l’organisation d’événements en mixité choisie, et de réaffirmer leur valeur! En effet, bien que l’impulsion vienne dans ce contexte de l’UDC, la mixité choisie reste une question qui cristallise des tensions dans des cercles plus larges. Il est assez fréquent de la voir rattachée, comme dans le cas cité, à une idée d’exclusion des hommes cisgenres et de non-respect de l’égalité. Or, une telle approche de la mixité choisie n’est pas ancrée dans le réel des discriminations et de leur impact sur les communautés les plus concernées, dont les femmes et les personnes LGBTQIA+ font partie. Elle repose sur une idée d’égalité que la seule existence de droits serait capable de garantir et ne reconnaît pas la réalité d’un espace social genré, qui favorise les hommes cisgenres au quotidien.

Malgré les avancées dans les droits des minorités, les discriminations continuent en effet d’être reproduites de nombreuses manières, notamment dans les relations quotidiennes. Aucun espace social n’échappe aux rapports de classe, de genre ou de race, et les espaces ­d’«énonciation», tels que ceux offerts par une jam, encore moins. La mixité choisie répond à cette réalité. Elle offre des espaces nécessaires pour que différentes communautés puissent explorer des langages, des rythmes et des socialités qui leur sont propres et qui ne soient pas soumis directement aux rapports de pouvoir structurants au quotidien. Au-delà d’offrir un espace d’expression aux minorités, elle contribue à soutenir l’exploration de relations qui ne dépendent plus des rapports de pouvoir qui nous enferment dans des schémas d’interaction genrés, appauvrissants pour touxtes. Dans ce sens, elle est profondément profitable pour touxtes, et doit continuer d’être rendue possible!

Aurélie Dupuis,
Habitante féministe et contribuable à Genève

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