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«Non, cette Maison Rousseau et Littérature n’est pas notre maison»

Une cinquantaine d’écrivain·es, actrices et acteurs du milieu littéraire romand font état de la «brutalité» des conditions d’accueil et de travail à la Maison Rousseau et Littérature (MRL) via une lettre ouverte adressée à sa direction et à son conseil de fondation, dans le sillage de notre enquête sur cette institution.
«Non, cette Maison Rousseau et Littérature n’est pas notre maison»
La Maison Rousseau et Littérature. JPDS
Culture

A la suite de l’enquête parue le 7 décembre 2023 dans Le Courrier au sujet de la Maison Rousseau et Littérature (MRL), faisant état d’un climat de travail délétère et d’une gestion du lieu déconnectée de la réalité, nous avons été nombreux (auteurs, traductrices, éditeurs, modératrices) à échanger au sujet de nos expériences en lien avec cette institution. Il en est ressorti un malaise largement partagé, qui nous incite à prendre la parole et à répondre directement au vœu formé par la direction, qui «aimerai[t] que les écrivains et écrivaines s’approprient [la MRL], qu’elle devienne un vrai lieu de débats, de création, d’échange de pratiques». Pour l’heure, c’est loin d’être le cas. Cette MRL n’est pas notre maison.

> Lire l’article d’Anne Pitteloud «Le chaud et le froid soufflent chez Rousseau»

Dans cette maison, nos rémunérations sont trop souvent insuffisantes (les tarifs de la plupart des rencontres ou ateliers restent loin des recommandations de l’association professionnelle et syndicale Autrices et auteurs de Suisse – A*dS), nos contrats sont précaires (ils ne contiennent pas de clause de dédommagement en cas d’annulation), et nos projets sont de toute évidence interchangeables selon les aléas de la programmation, ce qui nous donne le sentiment d’être quantité plus que qualité, des chiffres à atteindre plus que des personnes à rencontrer.

Nous attendons d’un lieu comme la MRL qu’il soit, au contraire, à la pointe de ces questions de professionnalisation et de rémunération. Mais surtout, nous attendons qu’il le fasse dans un climat de travail apaisé et humain. Nous ne nous reconnaissons pas dans ce lieu de culture qui, selon l’enquête documentée du Courrier, gère ses ressources humaines avec brutalité sous le prétexte de «faire avancer la machine». La souffrance au travail exprimée dans l’article, dont plusieurs d’entre nous peuvent par ailleurs témoigner, doit être prise au sérieux par le conseil de fondation de la MRL et par les autorités politiques compétentes.

C’est à ces conditions que nous pourrons nous «approprier» ce lieu. De la Maison Rousseau et Littérature, tant que le contrat social n’aura pas été repensé de fond en comble, nous n’aurons plus l’envie de pousser la porte.

Signataires:

Raluca Antonescu (autrice), Olivier Beetschen (écrivain), Ezra Sibyl Benisty (auteur·ice·x), Alain Berset (éditeur), Sylvie Blondel (autrice), Alice Bottarelli (autrice), Anne Brécart (écrivaine, traductrice littéraire), Geneviève Bridel (journaliste littéraire), Arthur Brügger (auteur), Céline Cerny (autrice, médiatrice culturelle), Cléa Chopard (écrivaine, traductrice et performeuse), le Comité de l’A*dS (Autrices et auteurs de Suisse), Cornélia de Preux (autrice, Association Tulalu!?), Fanny Desarzens (écrivaine), Elisa Shua Dusapin (écrivaine), Marion Emonot (traductrice et auteure), Marie Fleury Wullschleger (chercheuse et modératrice), Alain Freudiger (écrivain), Claudine Gaetzi (rédactrice de Vice-versa Littérature), Baptiste Gaillard (écrivain), Nathalie Garbely (autrice, traductrice), Laurence Gudin (éditrice), Mathias Howald (auteur), Joseph Incardona (écrivain), Antoine Jaccoud (auteur, scénariste), Pascal Janovjak (écrivain), Karim Karkeni (animateur littéraire), Raphaëlle Lacord (traductrice littéraire), Camille Logoz (traductrice littéraire), Camille Luscher (traductrice littéraire), Maxime Maillard (auteur, critique littéraire), Sarah Marie (autrice), Sébastien Meier (écrivain), Jérôme Meizoz (écrivain), Fabian Menor (auteur BD), Narcisse (poète-slameur), André Ourednik (écrivain), Benjamin Pécoud (traducteur littéraire), Bruno Pellegrino (auteur), Marius Daniel Popescu (écrivain), Arno Renken (professeur, HKB), Mélanie Richoz (autrice), Anita Rochedy (traductrice littéraire), Marion Rosselet (enseignante, critique littéraire), Daniel de Roulet (écrivain), Matthieu Ruf (auteur), Antoinette Rychner (autrice), Marina Salzmann (écrivaine), Ann Schönenberg (étudiante, ILS), Aude Seigne (autrice), Marina Skalova (autrice et traductrice), Lolvé Tillmanns (autrice), Mathilde Vischer (autrice et traductrice littéraire), Daniel Vuataz (auteur et programmateur littéraire), Fanny Wobmann (autrice).

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