Ménage d’hiver à la SSR
Médias
La meilleure décision dans l’intérêt de l’entreprise, selon le principal intéressé, Gilles Marchand, directeur de la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision), lors de l’annonce de son départ anticipé. Une décision qui fleure bon le limogeage.
Une demi-surprise, tant il est vrai que l’outil branle sérieusement dans le manche. L’initiative de l’extrême droite udéciste visant à réduire de 325 à 200 francs le coût de la redevance a de sérieuses chances de passer. L’union sacrée qui avait notamment vu une forte mobilisation des cantons romands pour préserver la qualité de l’information lors de la précédente votation No Billag en 2018 s’est érodée.
En effet, une fois le morceau emporté, la direction de la SSR a fait montre d’amateurisme lors de la gestion du Dariusgate, cette accumulation de comportements problématiques chez certaines stars de la RTS; puis d’une certaine arrogance: délocalisation de l’info de Genève sur le site vaudois de l’EPFL, vente de bâtiments de son portefeuille immobilier – notamment la salle Ansermet – dans une opacité certaine, et sous-locations de locaux de la Tour à des entreprises jugées non conformes au droit de superficie octroyé par le canton, qui a même contesté la méthode par voie de recours!
De fait, mercredi, l’exécutif genevois a dit son soutien au compromis proposé par voie d’ordonnance par le Conseiller fédéral Albert Rösti visant à une redevance annuelle à 300 francs, questionné la fiabilité et la déontologie des médias chapeautés par la SSR, et plaidé pour un examen plus strict de la gouvernance de l’institution. On a vu soutien plus enthousiaste.
Le torchon brûle également avec les éditeurs. La SSR taille des croupières à la presse écrite avec des méthodes frisant le code: elle utilise l’argent de la redevance pour alimenter un site internet certes de qualité mais faisant directement concurrence à ceux des médias privés et alimentant de la sorte le mythe de la gratuité de l’information qui plombe tant la presse papier.
Le directeur sortant s’est également payé le luxe de désavouer frontalement son ministre de tutelle, Albert Rösti. En s’opposant à sa proposition de compromis, il était peut-être dans son rôle, mais en usant d’arguments un brin populistes il a franchi un pas.
L’affirmation que cela serait «Unschweizerisch» est sans doute un brin trop provocatrice. On réserve généralement cela aux syndicalistes gauchistes.
Reste à savoir si ce changement d’équipe sera une bonne option tactique en vue de la votation de 2026 sur la redevance à 200 francs. Le nouveau visage de la SSR aura peu de temps pour maîtriser un dossier complexe, pour se faire connaître et, surtout, pour convaincre. Une telle perle rare sera difficile à trouver.