Édito

La confiance perdue du WEF

La confiance perdue du WEF
KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
WEF

«Reconstruire la confiance.» C’est le mot d’ordre de la 54e édition du Forum économique mondial (WEF), qui s’est ouverte lundi à Davos. Cette année, le gratin du capitalisme mondialisé se réunit en effet dans un climat morose: «Le paysage mondial actuel est défini par la division croissante, l’hostilité accrue et la multiplication des conflits», écrit Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du WEF. Et de regretter que «l’angoisse de perdre le contrôle sur l’avenir pousse les gens à adhérer à des idéologies extrêmes».

Le même jour, l’ONG Oxfam publiait son dernier rapport sur les inégalités. «Sept des dix plus grandes entreprises mondiales ont un PDG milliardaire ou un milliardaire comme actionnaire principal. En faisant peser la pression sur les travailleurs et les travailleuses, en évitant l’impôt, en privatisant l’Etat et en participant grandement au réchauffement climatique, les grandes entreprises creusent les inégalités et contribuent à gonfler toujours plus la fortune de leurs riches propriétaires», dénonce l’ONG. Les milliardaires ont ainsi vu leur fortune augmenter de 3300 milliards de dollars depuis 2020, tandis que 60% de la population mondiale s’est appauvrie.

Ce processus de concentration des richesses se fait avec la complicité active des Etats, dénonce Oxfam – soulignons au passage celle des autorités helvétiques, qui offrent un paradis fiscal sur mesure à des milliers de multinationales. En attisant la précarité sur l’entier du globe, l’alliance entre grandes entreprises et gouvernements crée ainsi le terreau favorable aux «idéologies les plus extrêmes» qui semblent préoccuper M. Schwab – et dont les promoteurs ont souvent leur fauteuil à Davos, à l’image du nouveau président argentin, Javier Milei.

Ce n’est évidement pas des sommets davosiens que descendront les solutions aux conséquences tragiques de la crise du capitalisme globalisé. Comme le rappelle le sénateur étasunien Bernie Sanders dans sa préface au rapport d’Oxfam, elles devront au contraire s’appuyer sur «un mouvement international réunissant les travailleurs et travailleuses s’opposant à l’avidité et à l’idéologie de la classe des ultrariches, en faveur de la justice économique, sociale et environnementale».

Pour faire un pas dans cette perspective, les forces progressistes pourraient s’inspirer d’une qualité qu’il faut reconnaître à la classe dirigeante réunie à Davos: celle de savoir parfois surmonter ses divergences pour défendre ses intérêts communs de manière unitaire.

Opinions Édito Guy Zurkinden WEF

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