La plainte déposée par un groupe d’obédience catholique-romaine et motivée par une affiche de Monsieur Cédric Marendaz m’a intrigué. Comment est-il possible, en 2023, que des adultes sains d’esprit consacrent de leur précieux temps ici-bas à chercher des querelles aussi futiles et se sentent à ce point déstabilisés par une simple image de papier? On croit voir la queue qui tente d’agiter le chien.

Alors que l’Eglise est rongée par des scandales récurrents, ces bons chrétiens – cette expression désigne aussi une variété de poires très répandue – se disent offensés par la représentation d’une amie des animaux berçant un paisible et inoffensif xénarthre.

N’est-il pas de coutume dans certaines paroisses, lors d’occasions idoines, de bénir des motocyclettes ou toute une ménagerie d’animaux de compagnie sans que le Seigneur n’ait jamais exprimé le moindre déplaisir? Incrédule d’extraction romaine, je me sens beaucoup plus proche d’un édenté que d’une Harley-Davidson, tout en précisant que je n’ai aucune dent contre celle-ci et tiens à préserver pour son propriétaire un environnement aussi durable et bienveillant que possible.

In fine – pour parler romain –, cette allusion aux réactions tout à fait prévisibles de mahométans ou de mosaïques aussi susceptibles que prévisibles, ne me paraît pas très intelligente. Elle laisserait à penser que des chrétiens pourraient vouloir descendre dans l’arène et rivaliser dans la course au trophée de la foi la plus imbécile et la plus obscurantiste.

Que dirait le Christ – et là je me décentre carrément – s’il avait l’occasion de rencontrer cette affiche? Dans un mauvais jour «Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font» et dans un bon jour, il nous expliquerait que même les bradypes sont des créatures divines.

Edmond Charbonnaz,
Genève