SSR, TdG, 24 heures, clap de fin?
Les hussards zurichois de Tamedia (TX Group) font une nouvelle fois le ménage, balançant des dizaines de travailleurs et travailleuses de l’information à la trappe. Une habitude, puisque de Genève (la Tribune de Genève) à Lausanne (24 heures, Le Matin Dimanche et les services communs) les charrettes se suivent et se ressemblent. Il faut nourrir l’actionnaire majoritaire, c’est vrai. Il veut sa pitance annuelle. Il exige des dividendes.
Service public par définition, service au public par vocation, la SSR a emboîté le pas. Là, ce ne sont pas les actionnaires qui actionnent les charrettes et la guillotine, ce sont les élus. En 2020, la SSR avait déjà dû poser la tête de 250 postes sous le couteau du bourreau. Je m’en souviens très bien, j’en étais. Problème de publicité avait-on donné en pâture au petit peuple. Les parlementaires voulaient du sang frais, des têtes qui tombent pour alléger les fichiers Excel des comptes annuels.
Et comme chez Tamedia, ça ne leur a pas suffi. Nos bons amis du peuple – UDC en tête, PLR à la remorque qui tiennent la SSR par la redevance – veulent casser la baraque publique. Ils veulent sans vergogne nettoyer les studios de la peste gauchiste. Et tant pis pour la concession, tant pis pour le devoir d’information: les vilains doivent disparaître. Et ce n’est pas la misère – une redevance à 200 francs – qui va masquer les non-dits, les arguments fallacieux. Le but est de briser un outil indispensable aux citoyens, celui de la réflexion personnelle, du libre choix.
Il était une fois la SSR… Il était une fois la TdG et 24 heures… L’une et les autres sont donc appelés à disparaître pour le bon plaisir des élus et des actionnaires. Les téléspectateurs, les auditeurs, les lecteurs n’auront bientôt plus que leurs yeux pour pleurer, leurs oreilles pour sonder le vide. Il était une fois… une fable helvétique, petite, minable, sans âme.
Guy-Olivier Chappuis,
Vevey