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«Alireza, un an déjà!»

Un an après le drame du jeune requérant d’asile afghan du foyer de l’Etoile, qui avait mis fin à ses jours à l’annonce de son renvoi, les ami·es d’Alireza et Solidarité Tattes réitèrent leurs revendications en matière d’accueil.
Asile

«Les pouvoirs ne font pas attention à notre danse.» C’étaient les derniers mots d’Alireza avant de disparaître. Il y a un an, le 30 novembre 2022, Alireza se donnait la mort à Genève. Ce drame mettait en lumière, une fois de plus, une fois de trop, les conditions d’accueil précaires des mineur·es non accompagné·es.

Alireza devait être renvoyé en Grèce où il avait subi des violences très graves et traumatisantes. En dépit de sa grande fragilité et du risque de passage à l’acte en cas de renvoi, attestée par ses médecins et de nombreux rapports médicaux alarmants, le Secrétariat d’Etat aux migrations et le Tribunal administratif fédéral n’en avaient pas tenu compte, violant ainsi leur propre règle qui interdit de renvoyer des personnes particulièrement vulnérables.

Alireza n’est pas le seul à avoir mis fin à ses jours à Genève. Rappelons-nous d’Alireza, son homonyme, de Yemane et de Tony, décédés respectivement en 2018, 2019 et 2022. Tous ont fui leur pays et sont venus chez nous pour sauver leur vie. Et c’est chez nous qu’ils l’ont perdue.

Il y a un an, le 8 décembre 2022, une grande manifestation de plus de 1000 personnes a eu lieu à Genève. Nous venions exprimer notre tristesse devant un drame qui aurait pu être évité si les sonnettes d’alarme des associations avaient été écoutées. Trois autres manifestations lui ont succédé pour dénoncer chacune un aspect insoutenable de la vie de ces jeunes.

La première manifestation, le 25 janvier 2023, mettait l’accent sur des conditions d’hébergement intolérables. Le foyer de l’Etoile avec ses manquements maintes fois dénoncés a été fermé il y a un mois, enfin! Mais pour quoi d’autre? Les foyers ne sont toujours pas adaptés à cette population, tant au niveau du nombre de places, des permanences médicales sur site, des sanitaires, des lieux communs ou des cuisines. Ces conditions d’hébergement affectent profondément la santé mentale des jeunes.

La deuxième manifestation, le 1er mars, dénonçait les permis N, F et les papiers blancs qui broient et continue de broyer les vies de ces jeunes qui ont besoin de permis et de stabilité pour pouvoir travailler, se former et se reconstruire après les épreuves traversées. Les permis provisoires qui sont les leurs les plongent dans la précarité et rendent le logement, le travail, la formation et la possibilité d’aller voir leur famille en dehors de la Suisse impossibles.

La troisième manifestation, le 29 mars, réclamait l’accès au travail et à la formation quel que soit le statut. Une prise en compte des expériences et compétences de ces jeunes avant leur arrivée en Suisse.

Alireza, un an déjà et quatre manifestations, et nos revendications n’ont pas changé:

– pour une véritable prise en compte des rapports médicaux et de la vulnérabilité des personnes;
– pour un arrêt des renvois vers des pays où la vie est en danger et les droits bafoués, notamment la Croatie;
– pour de vrais permis permettant de se construire un avenir et une vie normale;
– pour le droit à la formation et au travail pour toutes et tous;
– pour la fin de l’aide d’urgence et pour une aide sociale pleine et entière pour toutes et tous;
– pour des logements individuels et des foyers de qualité;

Alireza, on ne t’oublie pas!

Opinions Agora Solidarité Tattes et les ami·es d’Alireza Asile

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