Édito

Cessez-le-feu immédiat

Cessez-le-feu immédiat
Des manifestant·es réclamaient la paix entre Israël et la Palestine devant le siège de l'ONU à Genève, le 20 octobre dernier. KEYSTONE
Israël-Palestine 

Inquiet des «claires violations du droit international humanitaire» par Israël à Gaza, et rappelant qu’«aucun Etat n’est au-dessus du droit», António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, s’est attiré les foudres du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen: «Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous? De toute évidence, pas dans le nôtre.»

La passe d’armes intervenue mardi au Conseil de sécurité de l’ONU est inédite, mais révélatrice. Engagé dans une spirale de vengeance aveugle après l’attaque criminelle du Hamas du 7 octobre, Israël ne laisse entrevoir aucune autre issue que la guerre totale et le massacre de milliers de civil·es supplémentaires.

Le cabinet de guerre chargé de mener la riposte comprend d’ailleurs un ancien chef d’état-major, Gadi Eisenkot, auteur de la doctrine Dahiya qui prône un usage «disproportionné» de la force dans des zones civiles servant de base à des attaques. Abolissant toute distinction entre civils et militaires.

Le droit légitime d’Israël à se défendre, «mais pas sans règles», «dans les limites du droit» et «en protégeant les civils», tel que l’ont professé Emmanuel Macron et, avant lui, Joe Biden lors de leurs récents déplacements au Proche-Orient, sont donc des leurres. Des mots lénifiants destinés à calmer les opinions mondiales.

Concrètement, la tuerie se poursuit sans répit et le compteur des victimes civiles palestiniennes tourne, sans que rien ni personne ne semble en mesure de l’arrêter. Et ni l’Union européenne ni les Etats-Unis n’ont dénoncé ni appelé Israël à stopper ses bombardements indiscriminés contre les civil·es, documentés par Amnesty international, qui auraient déjà fait plus de 6000 morts, dont plus de 2500 enfants. On peut se demander s’il ne s’agit pas là de complicité de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, en particulier de la part des Etats-Unis qui ont envoyé des armes alors que les massacres sont en cours.

Un cessez-le-feu immédiat est la seule chose raisonnable que la communauté internationale puisse exiger à l’heure qu’il est, par-delà les divisions et les visions de l’avenir de la région. L’urgence est à la préservation des vies civiles – celles des Gazaoui·es comme des otages israélien·nes, dont les proches espèrent le retour. Le gouvernement israélien peut réclamer la démission d’António Guterres et déclarer le personnel onusien persona non grata «pour lui donner une leçon» (sic), l’escalade est une impasse.

Opinions Édito Roderic Mounir Israël-Palestine  ONU

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