Pour une «médecine du vivant»
De plus en plus, et surtout avant les élections, on discute des coûts des assurances-maladie, de répartition des charges, de lobbies… On parle aussi de plus en plus de pollution de l’environnement par la médecine moderne, et de ses coûts indirects. Qui donc ose parler de médecine, de science, de biologie, de ce que c’est que le vivant? Les médicaments de la médecine occidentale, moderne, sont orientés le plus souvent contre les symptômes: anti-dépresseurs, anti-biotiques, anti-hypertenseurs, anti-inflammatoires… Pourtant, on enseigne en médecine, par exemple, que la fièvre est un signe de lutte de l’organisme contre l’infection. Alors, aide-t-on l’organisme à lutter avec un anti-fièvre quand elle est bien supportée, sans complication ni diagnostic sérieux? Couper une fièvre règle-t-il le problème ou permet-il de continuer nos activités comme si de rien n’était? Au contraire, cela devrait plutôt favoriser la récidive car le travail n’est pas terminé mais avorté, l’entrainement de l’immunité repoussé à plus tard… ou à jamais. Un pilote d’avion qui dévisserait au fur et à mesure les témoins lumineux de son tableau de bord garantirait-il un bon vol, ou irait-il droit au crash?
La médecine moderne, qui nous fait vivre longtemps en relative bonne santé, avec un abonnement progressif à la pharmacie, nous pousse au crash – financier et de santé publique: de plus en plus de traitements, de maladies, et de plus en plus jeune. Et des pathologies qui passent de plus en plus du physique au psychique. Comme le physique n’a pas le droit de parler, serait-ce le caractère, le psychique qui paierait? La mise sous couvercle des symptômes superficiels repousse le problème en profondeur, dans le plus intime du vivant: le psychisme. Dans le sens qu’en ne s’occupant pas de santé mais de symptômes, nos traitements «anti-» repoussent et déplacent la pathologie sans la régler, d’où, avec le temps, la multiplication des remèdes chez un·e même patient·e. C’est le prix payé pour un confort artificiel immédiat et une longévité médicamentée. L’avenir de notre espèce est ainsi «hypothéqué»1>«Le paradoxe apparent est que plus nous nous attachons à maintenir en vie des humains individuels, plus il devient probable que l’humain ne survivra pas. » Dr J. Martin, ancien médecin cantonal vaudois, RMS; 2007: 2318., comme celui de la planète. Et en matière d’assurances maladie, nos cotisations ne peuvent qu’augmenter!
Comme changement radical pour freiner l’augmentation des coûts, il faudrait donc, mieux que l’approche morceau par morceau, symptôme par symptôme, stimuler l’enseignement d’une médecine du «vivant», l’approche du complexe, du système. Mais cela demande une autre vision, une autre approche médicale, philosophique, plus qualitative que quantitative, et aussi moins lucrative… D’abord l’éducation – donc la prévention, la pédagogie, la psychologie – puis les médecines énergétiques d’approche systémiques – acupuncture, homéopathie… Puis, vive la médecine allopathique «chimique», anti-x et anti-y, réparatrice, substitutive. Cela seulement en fin de liste, quand on ne peut faire mieux.
Si les médecins ne s’occupent que de symptômes et ne s’ouvrent pas aux thérapies globales du phénomène «vie», de la vraie santé, ce seront les naturopathes qui s’en occuperont. Dans sa remise en question qualitative, l’agriculture est soutenue par la Confédération pour les compensations écologiques, la biodiversité, des eaux potables propres et une nourriture saine. Devant les problèmes reconnus et malgré les pressions de l’industrie, cette agriculture prend le virage vers une vision systémique de la biologie, pour une production moins polluante et plus résiliente, donc durable2>Cf. L’homéopathie uniciste, vos questions sur une médecine durable, ed. Loutan, 2014.. Cette agriculture moderne serait-elle en avance sur la médecine?
«Voici donc venu le temps du courage. Celui de changer les références de pensée»3>B. Kiefer, RMS, nov. 2018, www.revmed.ch/view/420110/3652958/RMS_628_2144.pdf. Oui, sans renier la médecine moderne et ses merveilles, il faut seulement la remettre à sa place, et accepter un changement radical de la pensée, de la recherche et de l’enseignement.
Guy Loutan
Thônex (GE)
Notes