Édito

No bassaran

No bassaran
Manifestation à Lille, le 30 mars dernier, contre les mégabassines. KEYSTONE
France

No bassaran! Le slogan des manifestant·es de Sainte-Soline se vérifie. Le Tribunal administratif de Poitiers a annulé mardi quinze projets de mégabassines – ces retenues d’eau qui ont suscité une réaction massive de la société civile – du centre-ouest de la France.

En l’occurrence, la justice a donné raison aux militant·es qui contestent ces chantiers. A mettre en rapport avec la violence d’Etat qui s’est déchaînée contre eux. Le rassemblement du 25 mars a été interdit par l’Etat mais maintenu par les organisations à son origine (la Confédération paysanne et le Soulèvement de la terre, pour les plus importantes). Il a été violemment réprimé. Plusieur·es élu·es ont parlé d’images de zone de guerre. Des ambulance devant évacuer des personnes grièvement blessées ont été bloquées par les forces de l’ordre! Et, surtout, le Soulèvement de la terre a ensuite été dissous par le gouvernement français sur proposition du très autoritaire ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Décision – déjà! – invalidée en août par le Conseil d’Etat français, la plus haute instance du droit.

Le sujet des mégabassines est devenu emblématique en France car incarnant une politique tenant de la fuite en avant face au changement climatique. Ces retenues d’eau ne profitent qu’à quelques grands groupes agro-industriels: seuls 149 agriculteurs sur les 2000 que compte le département de la Vienne étaient concernés1>Médiapart du 4 octobre. ! C’est une agriculture industrielle, dopée aux intrants, qui montre ses limites. Pire. Plus que des retenues, il s’agit de pomper dans la nappe phréatique. Et avec des volumes qui ne permettent pas à cette dernière de se renouveler. Outre le fait de spolier les autres exploitants de cette ressource, l’impact environnemental sur les écosystèmes est considérable. Des arguments qui ont donc été validés par la justice qui a considéré que ces retenues étaient surdimensionnées et pas adaptées au changement climatique.

Un appel est d’ores et déjà annoncé par la Préfecture de Vienne. Mais cette première victoire est de taille. Dans un pays en dérive institutionnelle – la Macronie montre de plus en plus un mufle hideux, celui des liens d’intérêts et d’accointances avec l’extrême droite –, il est rassurant de constater que le pouvoir judiciaire tient bon. Cela signifie aussi que la résistance sur le terrain devra être maintenue, comme on l’avait déjà constaté sur des dossiers similaires face à des aventures technocratiques: la mobilisation citoyenne contre la filière surgénératrice de Creys-Malville avait hâté l’abandon d’un projet qui allait à rebours du bon sens et de l’histoire.

Notes[+]

Opinions Édito Philippe Bach France Ecologie

Autour de l'article

Connexion