Dans Le Courrier du 13 septembre, un bref article intitulé «Pour davantage de nucléaire», vantait les prétendus mérites de la prolongation d’exploitation et de la construction de centrales nucléaires.

Voilà ce que notre société dépendante – au sens pathologique du terme – de l’énergie en arrive à faire. Comme pour un toxicomane dans le déni de son addiction et des risques pour sa santé, on décide que cette aberrante cause de catastrophes irréversibles est désormais à nouveau une bonne solution énergétique.

Ni le danger avéré: Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima pour les accidents les plus graves et les plus médiatisés et, pour la Suisse, la catastrophe évitée de peu à Lucens en 1969, ni l’hypothèque éternelle sur l’avenir due aux déchets, mortels sur plusieurs milliers d’années pour à peine quatre à cinq ans d’utilisation du combustible, ni les rejets de radioactivité mesurés aux environs des centrales, ni le réchauffement des cours d’eau utilisés pour le refroidissement des réacteurs, ni les coûts immenses et les dépassements de budgets délirants, ni l’inefficacité évidente du système (pannes à répétition, mise à l’arrêt régulière des centrales), ni l’impact disproportionné sur l’environnement des infrastructures et de l’«énergie grise» nécessaires, ni les risques de guerres pour la possession et l’exploitation des gisements d’uranium, ni même l’absurdité de base du principe: destruction de l’environnement et risque de mort par irradiation des espèces et des peuples, pour… produire de la vapeur!, rien n’y fait.

Shootée à l’énergie et au fric, notre société irrationnelle revient allègrement sur ses constats récents et va renier ses engagements pour pouvoir encore augmenter sa dose, au mépris des conséquences. Alors qu’il est question de préservation des conditions d’existence dans notre seul lieu de vie possible, la planète Terre, de valeureux experts répondent court terme, milliards et terawatts.

A quand les procès pour préparation de crime contre l’humanité et contre l’écosystème de tous les pro-nucléaires?

Léandre Séraïdaris,
citoyen décroissant, Vevey