Édito

Repli réac’

Repli réac’
L'OIT invite la Suisse à signer ce texte qui vise à lutter contre le harcèlement et la violence au travail. KEYSTONE
Conditions de travail

Hier, la fumée n’est pas sortie du conclave de la Commission des affaires juridiques du Conseil des Etats. La Chambre haute va pourtant devoir prendre, à nouveau, position sur la convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Un texte pourtant déjà adopté par 31 pays mais qui bute sur l’obstruction de sénateur·ices.

Dans les colonnes du Temps de mardi, Gilbert Houngbo, le directeur de l’OIT, est sorti de sa réserve pour inviter la Suisse à signer ce texte qui vise à lutter contre le harcèlement et la violence au travail. En effet, si le National suit le Conseil fédéral et invite à accepter cette convention, le Conseil des Etats avait refusé il y a une année par 24 voix contre 20 d’entrer en matière. Si le blocage persiste, cela ferait de la Suisse le premier pays à refuser ce droit élémentaire. «J’ose sincèrement croire que la raison finira par triompher», postule le directeur de l’organisation onusienne.

Las. Le blocage est profond: c’est l’idée même de souscrire à un traité de portée générale qui hérisse la droite en plein repli souverainiste. Selon elle, la convention aurait dû être soumise à un processus de consultation. Et tant pis si pour ce genre de textes, ce sont les commissions tripartites qui sont compétentes et que patrons et syndicats sont sur la même longueur d’onde.

Plus inquiétant encore: l’exemple cité comme élément rédhibitoire est la convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence faite aux femmes. La droite lui reproche de donner lieu à une multitude de propositions concernant son inscription dans le droit suisse. Pourtant ce genre de texte est fait pour être appliqué. Il est donc un peu curieux que se référer à des valeurs qui devraient être universellement partagées soit considéré comme un danger par la majorité conservatrice de la Chambre des cantons.

Le message qu’elle délivre est que la violence et le mobbing au travail ne sont pas un problème et qu’il ne faut surtout pas se doter des moyens de lutter contre ce fléau. Pourquoi n’est-on qu’à moitié étonné?

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