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Niger, l’aide est plus que jamais nécessaire

L’ONG Swissaid appelle les Etats et les bailleurs de fonds à ne pas sanctionner la population nigérienne en grand besoin à la suite du coup d’Etat.  
Afrique

Une nouvelle crise politique frappe le Niger depuis quelques jours. Cette situation, provoquée par le coup d’Etat militaire du 26 Juillet 2023, a entraîné une série de sanctions contre le pays depuis le week-end passé, qui risquent d’impacter gravement les populations. Il faut rappeler que le Niger est l’un des pays le plus pauvres au monde. Sa position géographique au cœur du Sahel fait que depuis plusieurs années, il est en proie à une multitude de défis sécuritaires, et aussi à une insécurité alimentaire régulière, accentuée par les impacts inflationnistes liés à la guerre en Ukraine.

Malheureusement, depuis le coup d’Etat, beaucoup de bailleurs de fonds et partenaires au développement du Niger, ont annoncé le retrait de leur aide au développement alors que le pays dépend essentiellement de cette aide pour soutenir la résilience des populations face à ces défis sécuritaires et climatiques.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), institution régionale, a décidé ce week-end de la fermeture des frontières de tous les autres Etats membres pour le Niger, alors même que le pays repose essentiellement sur les importations de plusieurs produits de base pour lesquels dépendent les populations. De même, l’Union économique et monétaire (UEMOA), une autre institution sous régionale, a décidé à son tour de la suspension de toute transaction financière avec le Niger, y compris celles portant sur les produits pétroliers, l’électricité et les biens et services.

Sur le terrain, Rabilou Abdou, responsable du bureau de Swissaid au Niger, alerte: «Nous déplorons ces mesures qui ne feront que renforcer la vulnérabilité des populations sur le terrain. Des populations déjà fragilisées par des conditions climatiques extrêmes rendant l’accès à une alimentation de plus en plus difficile, même en temps normal.»

L’année dernière, plus de quatre millions de personnes étaient déjà en proie à l’insécurité alimentaire et cette année, avant la présente crise, les estimations dépassent les 3 millions de personnes. De surcroît, on a observé sur le terrain, une tendance inquiétante à la perte des récoltes à cause d’une sécheresse prolongée durant la deuxième quinzaine du mois de juillet.

Depuis l’annonce de ces sanctions, on constate déjà une flambée des prix. Par exemple, le prix du sac de riz est passé de 10 500 à 15 000 francs CFA, soit une augmentation de 43% précise le responsable du Bureau de Swissaid au Niger.

Les populations sur le terrain seront les principales victimes de ces mesures. «Il est crucial que la communauté internationale prenne en compte cette situation critique des populations dans la prise de leur décision. Nous pensons que la Suisse, qui est un partenaire important et de longue date pour le Niger, ne devrait en aucun cas suivre l’exemple d’autres pays. Le cas échéant, les conséquences seront désastreuses pour la population, et nous avons peur d’une éventuelle détérioration des conditions de vie et du contexte sécuritaire, explique Rabilou Abdou.

Face à cette situation, Swissaid est plus que déterminée à soutenir les populations locales, au moment où certaines ONG envisagent le pire, à savoir interrompre leurs projets sous la pression de bailleurs de fonds.

Présente depuis 1974 au Niger, Swissaid a décidé d’une part de poursuivre ses activités de coopération sur place en faveur des familles paysannes, du renforcement du droit des femmes et de l’agroécologie. Et d’autre part de déployer un projet d’urgence pour contribuer à pallier la crise dans ses zones d’intervention.

Notre organisation met ainsi en place un projet d’urgence pour soutenir plus de 1000 familles réparties dans les régions de Dosso et Tillabéry avec des colis alimentaires pour ce mois d’août composés d’une diversité de denrées (mil, riz, huile, Sel etc…). Et Swissaid offrira aux familles des bons d’une valeur de 100 francs suisses pour se procurer des denrées de base. Ce dispositif permet d’assurer un minimum vital à ces populations et permet de maintenir autant que possible le fonctionnement économique des villages concernés.

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