Édito

Politique de la terre brûlée?

Politique de la terre brûlée ?
KEYSTONE / IMAGE D'ILLUSTRATION
Service public

L’Etat de Genève a ouvert une procédure en infraction contre la RTS, comme l’a révélé la Tribune de Genève dans son édition de lundi. Le média de service public a en effet conclu un bail avec une multinationale de la communication pour lui louer deux étages de la Tour historique, située dans le quartier de Plainpalais.

Cela contrevient au droit de superficie octroyé par l’Etat pour permettre le déploiement de la télévision suisse. Celui-ci affecte la parcelle à des activités de médias. Jusqu’à présent, tel était le cas. Des bureaux dans la Tour, peu à peu vidée de certaines activités à la suite du transfert annoncé de certains services sur le site d’Ecublens (VD), ont été loués notamment à l’ATS (Agence télégraphique suisse) ou à des activités privatisées auparavant dans le giron de la RTS.

Cette dernière a fait savoir lundi par voie de communiqué qu’elle estime avoir respecté ses obligations contractuelles. On verra ce que la justice dira sur le plan légal. Sur le plan politique, en revanche, on peut parler de pleurniche de la part de l’entreprise. En clair: la RTS s’improvise agent immobilier. Ce n’est d’ailleurs pas une première.

La mise en vente de la salle Ansermet en 2018 s’est faite dans un entre-soi de mauvais aloi. Et la démolition-reconstruction de la Maison de la radio au boulevard Carl-Vogt a mis en boule la Ville de Genève qui avait des réserves sur le plan patrimonial et qui a été mise sous pression. La parcelle a été bourrée à l’excès, il n’a même pas été possible de prévoir une piste cyclable à contresens sur cet axe menant à l’université. Une fois la promotion réalisée, une partie de ces immeubles a été vendue!

Ces pratiques ne sont pas réservées à la RTS. Les douanes se défont de leur parc immobilier. Les CFF valorisent à l’excès leur patrimoine foncier. Le discours est à chaque fois le même. Ces ex-régies publiques jouent sur les deux tableaux: elles se réclament du service public pour quémander des largesses, tout en spéculant comme un vulgaire promoteur.

La RTS et le jeu de l’imprudence

Le problème est que cela finit par se voir. La RTS joue avec le feu. Elle va au-devant d’une votation difficile, l’UDC a relancé des initiatives pour réduire la redevance. En mars 2018, l’initiative No Billag a été rejetée par le peuple. Notamment grâce à un engagement ferme des autorités politiques, y compris genevoises. Poignardées dans dos, elles vont être davantage sur la réserve.

Lors du prochain scrutin, l’arrogance des dirigeants de la RTS risque de lui coûter cher. A l’arrivée, c’est le citoyen·ne usager·ère qui en pâtira par une dégradation des prestations. Les responsables de cette situation, pour leur part, verseront de simples larmes de crocodile

Opinions Édito Philippe Bach Service public

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