A quand un contrôle des loyers?
Sale temps pour les locataires. L’Office fédéral du logement a annoncé jeudi une hausse du taux de référence hypothécaire de 1,25% à 1,5%. En clair, cela signifie que les loyers pourront être majorés de 3% par les bailleurs.
En théorie, pas tous les loyers mais seuls ceux établis en fonction du taux actuel, ce qui concerne la moitié des locataires. Ceux pour lesquels les baisses successives du taux hypothécaire n’ont pas été répercutées durant les années précédentes – c’est-à-dire tous les exercices depuis la création de cet outil en 2008 – devraient être à l’abri. Dans les faits, la pression au rendement est tellement forte qu’il y a fort à parier que bien des propriétaires vont en profiter pour tenter de gonfler leurs profits.
Durant la période 2008-2023, ce sont quelque 10 milliards de francs par an qui ont ainsi été indûment perçus par les bailleurs. De plus, d’autres mécanismes – comme la possibilité de répercuter une partie de l’inflation sur les locataires – vont venir se surajouter à cette pression haussière.
C’est un nouveau pan du pouvoir d’achat des Suissesses et des Suisses qui est en train d’être rogné. Le tout sur fond de paupérisation croissante des revenus modestes, qui voient leurs charges augmenter, qu’il s’agisse de l’assurance-maladie, de la nourriture, des frais de chauffage ou de déplacement.
En Suisse, il n’y a pas de contrôle des loyers. La régulation est censée se faire par le marché, c’est-à-dire par le consommateur-locataire. Un bel exemple irénique du rapport du faible au fort, un peu comme les travailleur·euses considéré·es comme des acteurs et actrices conscient·es et libres de vendre leur force de travail au plus offrant…
Par ailleurs, les jurisprudences sont devenues défavorables aux locataires. Le camp bourgeois a noyauté la chambre civile du Tribunal fédéral chargée de ces questions, à présent uniquement composée de PLR et d’udécistes… Cherchez l’erreur.
Les milieux locataires sont en train de plancher sur une initiative pour réinstaurer un contrôle des loyers et faire reposer cette charge sur l’Etat et non plus sur les particuliers souvent démunis, voire à la merci des bailleurs. Le logement est un bien de première nécessité. Il devrait être exclu du marché et de la rapacité des grands fonds spéculatifs dont le profit est le seul horizon, en lieu et place d’une politique sociale du logement à même de garantir le bien commun.