Neuchâtel

Soignant·es: augmenter d’urgence les salaires

Les syndicats ont déposé une motion et une pétition demandant au parlement neuchâtelois de faire pression sur le gouvernement pour augmenter d’urgence les salaires des soignant·es.
Soignant·es: augmenter d’urgence les salaires
Alors que les fonctionnaires de l’Etat de Neuchâtel ont été augmenté de 2%, les soignant·es n’ont reçu une hausse que de 1%. Elles et ils réclament davantage. KEYSTONE/Martial Trezzini
Santé

Le personnel de la santé exige davantage d’argent pour compenser l’inflation. Il l’a fait savoir vendredi, lors de la Journée internationale des infirmières. Une motion et une pétition munie de plus de 2000 signatures ont été déposées au château de Neuchâtel, via le Groupement des associations et syndicats du canton de Neuchâtel (GASS). Les deux textes demandent au Grand Conseil d’enjoindre le Conseil d’Etat à augmenter de 2% leurs salaires, comme il l’a fait pour les fonctionnaires du canton.

En janvier dernier, les membres de la fonction publique et parapublique ont obtenu une hausse d’environ 2% pour compenser en partie la hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC). Le secteur des soins n’a, quant à lui, obtenu qu’une augmentation de 1%. «Il est inconcevable que du personnel travaillant dans des missions étatiques différentes ne soit pas considéré au même niveau», stipule la missive adressée au parlement. La hausse de l’IPC est aujourd’hui reconnue à 3,5.

La motion est munie de la clause d’urgence. «Beaucoup de personnes travaillent à temps partiel pour de petits salaires dans ce secteur», illustre Yasmina Produit, permanente au Syndicat des services publics (SSP). «L’inflation met notamment des familles monoparentales dans la précarité. Il est urgent d’agir.»

Différences de traitement

Pour la syndicaliste, «la représentation du métier des soins fait problème. Le statut des infirmières se confond encore avec celui des bonnes et des nonnes». A l’origine, le Conseil d’Etat n’avait d’ailleurs prévu aucun moyen supplémentaire pour la santé en 2023. En novembre dernier, les institutions médico-sociales tiraient la sonnette d’alarme. Elles attiraient l’attention sur le fait que, sans aide publique, elles n’auraient aucun moyen de compenser, même partiellement la baisse de la valeur réelle des salaires, liée à l’inflation. La gauche avait alors fait pression sur la commission des finances pour amender le budget et ajouter une enveloppe de 3 millions de francs pour indexer de 1% les rémunérations dans ce secteur. Le Conseil d’Etat avait avancé qu’il reviendrait avant Pâques avec des solutions pour les institutions de santé.

«Des discussions ont eu lieu entre l’Etat et les employeurs, mais pas avec les représentants du personnel», relate Yasmina Produit «Le Grand Conseil devrait se prononcer en mai ou en juin sur une proposition pour une augmentation de 1% supplémentaire à partir du 1er juillet. Nous, nous demandons cette augmentation depuis le 1er janvier. Elle doit être versée avec effet rétroactif.»

Selon l’Association suisse des infirmières et infirmiers, trois cents soignant•es quittent la profession chaque mois en Suisse

«Nous avons conscience que l’Etat n’a pas les moyens de verser les 1,51% supplémentaire qu’il faudrait pour compenser entièrement la hausse de l’IPC. Nous demandons au moins une égalité de traitement avec la fonction publique et parapublique», poursuit la défenseuse des travailleur·euses.

Avec le dépôt d’une motion populaire, les syndicats veulent laisser une trace législative. «Nous faisons face à un problème de sous-financement systématique de la santé. Le problème de l’IPC va se reproduire d’année en année», estime la représentante du SSP. «Cette indexation doit être pérenne, garantie par l’Etat et les employeurs pour les budgets 2024 et suivants», demande le syndicat Syna dans un communiqué. La CCT-Santé 21 stipule que l’évolution de l’IPC positive doit être intégralement compensée au terme de la période couverte par la convention, soit 2025.

L’exode soignant

Le problème de la hausse des prix n’est pourtant que la pointe de l’iceberg dans un secteur où les conditions de travail sont déjà très dégradées partout en Suisse. En 2020, une enquête menée par la Haute Ecole de santé et l’université de Lausanne auprès de 3000 infirmières et infirmiers romand·es constate que leur revenu ne correspond ni à leur formation ni à leurs conditions de travail. Elle avance, qu’en équivalent «temps plein», elles et ils perçoivent ainsi 1000 francs de moins que les personnes qui ont suivi une formation de même niveau dans une haute école spécialisée ou une haute école pédagogique.

La mise en œuvre de l’initiative sur les soins acceptée par le peuple fin 2021 se fait attendre. Le milieu s’inquiète des conséquences sur la prise en charge médicale de la population. «Aujourd’hui déjà, en raison du manque de personnel, les soins corporels sont réduits au minimum, des erreurs fatales sont même commises, les résident·es sont mis sous sédatif et on ferme des lits dans les homes et les hôpitaux», alerte Unia dans un communiqué.

Selon l’Association suisse des infirmières et infirmiers, trois cents soignant·es quittent la profession chaque mois en Suisse. «La non revalorisation des salaires, déjà bas, rend la profession encore moins attractive», déplore Yasmina Produit du SSP. «Le personnel manque à tous les étages.»

Régions Neuchâtel Julie Jeannet Santé

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