La SSR sous pression
Il y a un nouveau shérif en ville. Le Conseiller fédéral chargé du dossier de la communication, Albert Rösti, a défait ce mercredi ce que sa prédécesseure Simonetta Sommaruga avait tenté de graver dans le marbre avant son départ. Le Conseil fédéral a adoubé sa nouvelle politique concernant le service public audiovisuel.
La concession de la SSR, qui expire fin 2024, sera prolongée; mais la durée de ce blanc-seing sera fixée ultérieurement, après évaluation générale de la manière dont l’institution remplit sa mission. Cela sent le roussi.
Ce retournement de veste se fait sous la pression de l’initiative udéciste et libérale visant à limiter à 200 francs (contre 365 actuellement) la redevance et à en exonérer les entreprises. Ce qui réduirait de moitié le périmètre du service public.
L’affaire semblait pourtant entendue après le refus sec, à près de 72% des votants, de l’initiative No Billag en mars 2018. Cinq ans plus tard, on voit que les partis bourgeois ont de la suite dans les idées. Ils reviennent à la charge autant de fois qu’il le faut. Et leurs élu.es ont le mérite d’affirmer leurs ambitions de manière décomplexée.
La nouvelle initiative est en cours de récolte de signatures. Mais son aboutissement fait peu de doutes. La bataille est d’ores et déjà lancée. Le rôle des grands éditeurs tapis dans l’ombre – Ringier et TX Group en tête – sera crucial.
La partition que joueront leurs titres lors de la campagne sera influencée par des considérations mercantiles visant à préserver leurs intérêts économiques propres – ils espèrent gagner quelques parts de marché dans l’opération –, qui risquent de primer sur l’enjeu démocratique et de cohésion nationale porté par le service public. Il conviendra de s’en souvenir lors des débats de campagne.