Édito

Conseil d’Etat ou cuisine cannibale

Conseil d’Etat ou cuisine cannibale
La nouvelle Alliance genevoise de droite est faite de bric et de broc. JPDS
Elections cantonale genevoises

Ce dimanche, les Genevois·es éliront leur nouveau Conseil d’Etat lors du second tour. La gauche revendique la reconduction de sa majorité au gouvernement où elle occupe quatre sièges sur sept.

Est-ce bien raisonnable au regard du rapport de force actuel où elle ne pèse que 33 sièges sur 100 au Grand Conseil? Selon la pure logique arithmétique, non. Institutionnellement, la droite est fondée à revendiquer un basculement dans son camp de la majorité à l’exécutif genevois.

Politiquement, c’est une autre affaire. Plusieurs raisons peuvent légitimement inciter les électeurs et électrices à glisser un bulletin compact rose-vert dans l’urne, sans ajout quel qu’il soit.

Un barrage contre Pierre Maudet peut notamment être considéré d’utilité publique. Le retour d’un magistrat qui a accepté un avantage et dont la condamnation a été confirmée par le Tribunal fédéral serait un très mauvais signal. On voit mal comment l’ex-wonderboy de la politique genevoise pourrait fonctionner dans un collège gouvernemental au vu des mensonges qu’il a servis à ses pairs. Et son amour pour les PME – qui semble former une partie de la base clientéliste sur laquelle il surfe – est quelque peu usurpé. En fonction, il a surtout montré son vrai visage, celui de l’ami des multinationales de la new tech style Uber.

Deuxième raison d’un vote barrage: la nouvelle Alliance genevoise de droite est faite de bric et de broc. Le Parti libéral-radical et le Mouvement citoyens genevois sont tout de même très éloignés sur l’échiquier politique. L’unité affichée n’est que de façade et vise à garantir des sièges, rien de plus. Maigre programme. De ce point de vue, leur revendication d’une majorité est largement aussi usurpée que celle de la gauche.

Enfin, en troisième lieu, un vote sanction s’impose contre un soi-disant centre qui a vendu son droit d’aînesse pour un plat de lentilles, le sauvetage d’un siège en l’occurrence. S’allier avec l’extrême droite raciste, climato-sceptique et opposée aux droits humains fondamentaux est un reniement de valeurs qui devraient constituer le socle de base intangible de la droite traditionnelle.
Cela vaut pour l’ex-PDC qu’on a connu mieux inspiré et qui jette aux orties son étiquette de parti du centre.

Et plus à droite, l’adoubement par la direction du PLR d’un député ayant été lustrer le poil d’un théoricien du grand remplacement comme Eric Zemmour avait annoncé la couleur. La négation des principes de base de la démocratie par l’ex-candidat à la présidentielle française devrait susciter le rejet immédiat; or, désormais, au nom du prétendu débat démocratique on peut tranquillement deviser avec un personnage aussi nauséabond et qui remet en cause l’égalité de toutes et de tous.

Pour reprendre la formule du président de Mediapart, Edwy Plenel, on ne discute pas cuisine avec un anthropophage1>Edwy Plenel, L’Appel à la Vigilance – Face à l’Extrême Droite, Paris, la Découverte, 2023.. A fortiori, on ne vote pas pour lui et pour celles et ceux qui fréquentent et affourragent sa cuisine.

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Elections cantonales genevoises des 2 et 30 avril 2023

mercredi 15 mars 2023
La population genevoise renouvelle ses organes exécutif et législatif en avril prochain. Des candidat·es au Conseil d'Etat sortent du bois et les partis s'organisent.

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