Édito

Laisser tomber la finance climaticide

Laisser tomber la finance climaticide
Le Credit Suisse avait investi dans le controversé Dakota Access Pipeline aux Etats-Unis. KEYSTONE
Credit Suisse-UBS

Mercredi, le National refusait de cautionner l’engagement de 109 milliards pour le sauvetage de Credit Suisse. La droite a hurlé à l’irresponsabilité, redoutant un chaos sur les marchés mais refuse toute régulation de la sacro-sainte finance helvétique. L’argent ayant déjà été engagé par le Conseil fédéral, le vote avait uniquement une portée symbolique. Et si ce non était un salutaire coup de pied dans la fourmilière, une porte de sortie de ce système financier qui pousse la planète au bord du gouffre?

Alors que l’on présente aujourd’hui la place financière suisse comme l’un des atouts majeurs du pays, il est nécessaire de rappeler que celle-ci cautionne les projets les plus nuisibles au climat, comme l’extraction d’énergies fossiles et la déforestation. Dans un rapport, Greenpeace dénonçait en 2020 que les investissements de Credit Suisse et d’UBS dans le pétrole, le charbon et le gaz généraient chaque année plusieurs fois la quantité de gaz à effet de serre produite par la Suisse. L’organisation soulignait qu’ils participaient à un réchauffement climatique catastrophique de l’ordre de 4° à 6°.

Certes, ne pas agir aurait de très graves conséquences économiques et sociales, mais laisser continuer la place financière suisse de plus belle sera à terme bien plus nuisible à nos vies. Ce non est un signal fort face à l’absence de garanties du Conseil fédéral mais il n’est pas suffisant.

Puisqu’aucun compromis posant les bases d’une régulation n’a pu être mis sur la table à Berne lors de cette session extraordinaire, de maigres espoirs se tournent vers la création d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP) qui pourrait être validée en juin. Cet instrument extraordinaire n’a pourtant été adopté qu’à quatre reprises dans l’histoire.

S’il est plébiscité, il devrait faire la lumière sur la très longue liste de problèmes de notre système financier. Il faudrait exiger de la CEP qu’elle permette de poser des bases économiques mais surtout écologiques plus saines. Si l’argent ne se mange pas, il nourrit bien des appétits. Nos parlementaires devront faire preuve d’un immense courage pour briser le statu quo et tenir tête au lobby banquier. C’est d’une véritable refonte du système financier que nous avons besoin et non pas d’un énième épisode de rafistolage.

Opinions Édito Julie Jeannet Credit Suisse-UBS

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