Musées, de Credit Suisse à UBS?
Suivant l’exemple de plusieurs pays voisins, les musées suisses veulent désormais prendre le virage de la durabilité. Ainsi les voit-on réduire leur consommation d’énergie, recycler leurs scénographies, limiter les emprunts d’outre-Atlantique ou sélectionner des produits locaux pour leurs cafétérias. Voire embrasser carrément les dix-sept objectifs de développement durable de l’ONU, à l’image du Musée d’ethnographie de Genève.
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Totalisant 14 millions de visites par an, les quelque mille musées suisses sont autant de caisses de résonance potentielles – si elles se montrent exemplaires, ces institutions influenceront positivement leurs visiteur·euses. On voit ainsi se multiplier les expositions sur le dérèglement climatique, encouragées par les pouvoirs publics, à l’image de «Tout contre la Terre» à voir au Muséum de Genève, qui explique l’érosion de la biodiversité sous l’angle des émotions; ou de l’accrochage «ImpACT» présenté à la Médiathèque Valais à Martigny, sur l’empreinte humaine dans les Alpes.
Ce principe d’exemplarité se heurte toutefois à certaines limites, alors que sept grands musées d’art dépendent de l’argent de Credit Suisse. Des collaborations parfois anciennes – on parle de plus de trente ans dans le cas du Kunsthaus de Zurich –, qui n’ont jamais été remises en question, même lorsque les scandales se sont multipliés dans le sillage de plus en plus nauséabond de la banque récemment rachetée par UBS.
Et puis, comme l’ont souvent rappelé les activistes du climat, Credit Suisse se distinguait par ses investissements massifs dans les énergies fossiles. Des prêts favorisant les nouveaux gisements d’hydrocarbures et qu’UBS reprendra sans sourcilier, au mépris des objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Or c’est bel et bien vers le nouveau mastodonte bancaire que se tournent aujourd’hui la plupart des ex-partenaires muséaux de Credit Suisse, espérant que le futur sera fait de nouveaux contrats. Et tant pis si les topinambours bio du café auront un arrière-goût de brut.