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Genève vaut bien une alliance

Genève vaut bien une alliance 1
Après le premier tour de dimanche, une coalition de droite présente pour le Conseil d’Etat un ticket à cinq incluant centristes, libéraux-radicaux, démocrates du centre et mcégistes. KEYSTONE
Course au Conseil d'Etat

Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent, disait Edgar Faure, chef du gouvernement français dans les années 1950. On en a eu la lumineuse illustration lundi soir à Genève. Ce qui paraissait impossible il y a encore quelques années est devenu réalité: l’Entente bourgeoise s’est élargie à l’extrême droite.

Centristes, libéraux-radicaux, UDC et MCG: c’est cette coalition qui présente un ticket à cinq pour le Conseil d’Etat. Le Centre (ex-PDC), qui faisait barrage à cette option au nom de ses «valeurs», a dû faire profil bas. Il a failli disparaître dimanche soir, et ses candidat·es à l’exécutif n’étaient pas en position éligible.

Le Parti libéral-radical, demandeur depuis plusieurs années d’un élargissement de l’Entente au moins à l’UDC, tenait le couteau par le manche. Ce sera le principal fait d’armes de Pierre Maudet – le revenant de la géhenne politique. Il aura réussi à souder – contre lui! – tout le bloc bourgeois.

Le reniement est également de taille pour le PLR. Lui qui renvoyait dos à dos l’extrême gauche et l’extrême droite. «Pagani-Pagan, même combat», pontifiait feu Michel Halpérin, député libéral. L’heure n’est plus aux états d’âme. Genève vaut bien une alliance, fût-elle contre-nature.

D’autant plus que d’autres cantons ont montré l’exemple. Une liste unie a même réussi à faire passer une politicienne inconnue et sans groupe parlementaire comme Valérie Dittli dans le canton de Vaud. A voir si l’UDC va se retrouver Gros-Jean comme devant dans la nouvelle alliance sacrée de la bourgeoisie genevoise et juste contribuer à forger une majorité gouvernementale… pour ses concurrent·es.

Cette course à l’échalote sur fond d’opportunisme n’augure rien de bon. Avides de pouvoir, ces politiques sont prêt·es à brader leurs valeurs pour un plat de lentilles. Ils et elles seront aux ordres des milieux économiques qui font pression pour ces alliances.

Le climat, la mobilité durable, les prestations sociales ont du souci à se faire. Et, contrairement à la séquence monocolore 1993-1995, l’opposition est dans les cordes. L’extrême gauche, divisée, s’est autoexclue du parlement cantonal et la fonction publique est dans une humeur moins combative que durant les années nonante.

PS et Vert·es partent uni·es au combat pour le Conseil d’Etat. Le peuple aime bien rééquilibrer au second tour ce qu’il a déstabilisé au premier. Ils ne partent pas perdants. Mais même une majorité de gauche au gouvernement risque bien d’être insuffisante pour arrêter la machine folle qui s’est mise en route dimanche.

Opinions Philippe Bach Course au Conseil d'Etat Genève

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