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Success story?

Madeleine Gahigiri réagit à un reportage de la RTS.
Médias

Dans le «Grand Format» du Téléjournal du samedi soir 25 février, la première chaîne suisse romande a diffusé un reportage sur la «Silicon Valley» qu’Israël est en train de construire dans le désert du Néguev, dans le Sud d’Israël.

Le reportage présente les recherches pour une agriculture en grande sécheresse, menées par Israël pour faire fleurir le désert «là où il n’y avait rien». Sans autre commentaire, le reportage suscite sans doute l’admiration des téléspectateurs, il a tout d’une success story. Dans ce désert qu’Israël aurait acheté (à qui?) il y a vingt-cinq ans, des Israéliens qui aiment la vie simple dans la nature, avec des idées et des habitudes admirablement écologiques, y mènent une vie très confortable selon le dire même des personnes interviewées. Ce paradis construit par une technologie de pointe attire selon eux toujours plus de compatriotes et (selon le reportage) le gouvernement israélien envisage d’y installer prochainement au moins 15 nouveaux villages autonomes.

Mais ce reportage ne dit pas tout. Pas un mot sur le conflit avec les Bédouins arabes qui vivent depuis des siècles dans le désert du Néguev, qui n`était pas vide, mais parcouru par les Bédouins nomades qui habitent ce territoire selon leurs habitudes et les besoins de la transhumance. Leur problème: ils n’ont pas de documents de propriété, cela déjà depuis l’Empire ottoman. Le gouvernement israélien tire profit de ce vide juridique en délogeant de force ces semi-nomades, en les entassant dans des lotissements éloignés, étroits et inhospitaliers, où ils sont souvent réduits à une existence de prolétaires.

Actuellement, selon par exemple Ycela Raanan, anthropologue juive israélienne, des centaines de familles bédouines ont reçu l’ordre d’évacuer pour faire place à de nouveaux Israéliens aimant la nature simple!

De tout cela, pas un mot dans le reportage de la RTS qui participe ainsi au greenwashing du régime israélien.

Ce greenwashing, parmi d’autres méthodes, doit rendre acceptable la volonté du gouvernement de soumettre ou d’évacuer de force les minorités non juives, – cette fois les Bédouins. Les «Arabes» (les Palestiniens) doivent se subordonner ou partir, a dit Itamar Ben-Gvir, le nouveau ministre de la Sécurité.

Madeleine Gahigiri, Bernex

 

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