Foyer de Mancy: plus jamais ça
Dans l’affaire Mancy, du nom de ce foyer genevois accueillant de jeunes autistes et théâtre de violences institutionnelles, l’Etat a failli à tous les niveaux de responsabilité. Telle est la conclusion du très attendu rapport de la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil, rendu public ce mardi. Mao affirmait que le poisson pourrit toujours par la tête. La députée genevoise socialiste Jennifer Conti lui a préféré une métaphore maritime: «Quand le capitaine d’un paquebot rate le cap, il ne charge pas le second qu’il a lui-même choisi».
Des propos virulents émanant d’une camarade de parti de la conseillère d’Etat chargée de l’Instruction publique. Le sujet reste délicat à trois semaines des élections. Le bilan d’Anne Emery-Torracinta – qui ne se représente pas – pèsera sur le choix des citoyen·nes au moment de glisser leur bulletin dans l’urne. Celle-ci a accepté mardi une part de responsabilité et réitéré ses regrets et excuses auprès des enfants et familles concernées.
Sur le fond, le rapport n’apporte pas grand-chose de plus que ce que la presse, ainsi que les rapports successifs commandés par le département lui-même ou réalisés tant par le Service d’audit interne que par la Cour des comptes, ont révélé depuis plus d’une année. Par exemple, on n’en sait toujours pas plus sur les lenteurs ahurissantes de la procédure pénale en cours concernant l’intoxication d’une pensionnaire. Ni sur les raisons de l’impunité dont a bénéficié le personnel maltraitant. Le rapport ne tranche pas non plus la question de savoir si l’ancienne directrice de l’Office médico-pédagogique (OMP) a fait office de fusible et pourquoi a-t-elle été suspendue depuis plus d’un an en conservant son traitement. Pas plus que la question de savoir quand Anne Emery-Torracinta a été réellement mise au courant de l’ampleur du désastre.
Les député·es distribuent bons et mauvais points, donnant l’impression d’un fiasco global, au risque de diluer les responsabilités, alors que des personnes ont bel et bien tenté d’alerter sur les dysfonctionnements, mais se sont retrouvées dans des impasses. En revanche, comme dans le récent rapport sur l’affaire Brandt, la commission apporte un regard politique bienvenu. Elle dit ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, et propose des pistes pour l’avenir.
Profondément ébranlé, pas tant par la pression médiatique, comme certains aimeraient le faire croire, mais par un climat de défiance et une gestion erratique des besoins, le personnel de l’OMP aspire à un nouveau départ. Puisse la nouvelle législature lui apporter le soutien dont il a besoin: avec des mots, des actes, mais aussi les moyens nécessaires pour assumer l’immense tâche qui est la sienne.