Édito

L’égalité par le bas

L’égalité par le bas
Le Conseil fédéral, par la bouche de sa nouvelle ministre des Finances, Karine Keller-Sutter, a annoncé mercredi une série de coupes budgétaires qui risquent de faire mal. KEYSTONE
Finances fédérales

Des vases non communicants? Le Conseil fédéral, par la bouche de sa nouvelle ministre des Finances, Karine Keller-Sutter, a annoncé mercredi une série de coupes budgétaires qui risquent de faire mal. On s’en doute, dans le collimateur de la nouvelle grande argentière, on trouve les habituelles cibles lorsqu’il s’agit de faire plus avec moins: la recherche – la contribution suisse au programme Horizon Europe devrait tomber –, la solidarité internationale, la culture, la mobilité durable, l’environnement…

Sans oublier le social. La presse alémanique1>TagesAnzeiger du 16 février. évoque le retour d’une antienne: la suppression partielle des rentes de veuves dans un dispositif à définir. Avec, sur la forme tout d’abord, un discours qui laisse songeur. La coupe est justifiée au nom d’un récent arrêt de la Cour européenne de droits de l’homme qui a constaté une discrimination positive au profit de femmes. Les veufs avec enfants ne touchent une telle rente que jusqu’aux 18 ans des jeunes à leur charge; pour les femmes, cette rente est pérenne.

Au nom de l’égalité par en bas, il serait donc urgent d’aligner cette rente versée aux veuves sur celle des hommes. C’est-à-dire la supprimer une fois les 18 ans des enfants à charge atteints (ou 25 ans pour les personnes en formation). Ou encore de couper les rentes des veuves sans enfants: elles n’ont qu’à travailler… L’inverse, aligner à la hausse la situation des veufs sur celle des veuves, semble hors de l’entendement de nos édiles fédéraux. Le principal espoir est que, cette régression nécessitant une modification législative, cela ouvre la voie à un référendum!

Inversement, dans d’autres secteurs, les efforts seront moindres. Pas question de revenir sur la suppression des droits de douane pour les entreprises. Et le budget de l’armée augmentera moins vite que prévu. Une progression de 600 millions de franc «seulement» est annoncée pour la période 2021-2024. «Les riches auront de la nourriture, les pauvres de l’appétit», prophétisait déjà Coluche.

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