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«Une alliance de raison se négocie entre parties égales en droits»

Tobia Schnebli, président du Parti du travail (PdT), réagit à notre récent éditorial sur les prochaines élections cantonales genevoises.
Elections cantonales genevoises

A ce jour, aucune proposition des responsables de la Liste d’union populaire (LUP) de rejoindre une quelconque liste unitaire n’était crédible. Pour l’être, même une alliance de raison de dernière minute présuppose une négociation qui tienne compte des raisons de toutes les parties et avec des conditions minimales pour prévenir les effets dévastateurs de la situation actuelle.

Ces conditions peuvent être résumées comme suit: 1) Egalité des droits décisionnels pour chaque organisation participante, indépendamment du nombre de ses élu·es au Grand Conseil (GC), avant et après les élections du 2 avril; 2) Accord sur le transfert immédiat de tous les fonds indûment retenus par les députés de la LUP au groupe parlementaire Ensemble à Gauche (EàG) au GC; 3) Transparence sur le résultat des négociations, quel qu’il soit.

Je comprends les réticences pour une campagne électorale qui a déjà commencé et qui restera de fait séparée entre celle de la LUP et celle des trois organisations solidaritéS, Défense des aînés, des locataires, de l’emploi et du social et Parti du travail (Sol, DAL et PdT) membres de la coalition EàG.

L’ambition des responsables de la LUP de représenter à eux tous seuls le spectre politique de la gauche de la gauche genevoise va nourrir une concurrence féroce contre les autres organisations qui se conclura avec les biffages organisés des candidat·es, exercice auquel les responsables de la LUP sont rodés depuis longtemps.

Malgré ces réserves et pour les motifs avancés dans l’édito du Courrier, mon parti est prêt à une négociation sur la base des conditions mentionnées, si les organisations de la coalition EàG – Sol, DAL et PdT – y participent. Pour le PdT, le résultat des négociations doit être validé en assemblée générale.

Mon parti a de sérieux doutes quant à l’intérêt des responsables de la LUP pour une alliance qui implique le respect de l’égalité des droits des autres composantes. Jusqu’à présent, la seule manière pour Sol, DAL et PdT de leur faire entendre raison fut le recours aux avocats et à la voie judiciaire.

L’arrêt de la Cour de justice du 19.09.22 invalidant le coup de force commis le 22.02.22 par les cinq députés de l’organisation alors appelée «Résistons» – majoritaires au sein du groupe parlementaire EàG au GC – est emblématique de cette triste réalité. Ces cinq élus avaient alors modifié le nom et les buts de l’association «EàG-GC», chargée de gérer les questions administratives et financières des élu·es du groupe, pour en faire leur nouveau parti politique dénommé «EàG-Genève» qu’ils ont du même coup doté d’une importante partie de l’argent alloué aux groupes politiques du parlement.

Il aura fallu à Sol, DAL et PdT sept mois de bataille juridique pour faire comprendre à ces cinq élus que leur pouvoir n’est pas illimité. L’association EàG-GC a retrouvé son nom et ses statuts administratifs d’avant le coup de force. Toutefois, les frais judiciaires sont à la charge d’EàG-GC et l’argent détourné, tout comme les indemnités de groupe 2022 reste retenu par les députés de la LUP qui détiennent les postes clé d’EàG-GC: Pierre Vanek, président, et Rémy Pagani, trésorier. Commentant ce désaveu judiciaire, M. Vanek déclarait dans les colonnes de la Tribune de Genève le 28 septembre dernier: «Ces débats juridiques sont intéressants. Moi, je fais de la politique.»

La «politique» cynique de M. Vanek et consorts ne sert que leurs intérêts particuliers. En décourageant l’engagement politique sincère, notamment des jeunes, cette «politique» fait un tort énorme aux autres organisations politiques à la gauche du Parti socialiste et des Vert·es et surtout aux classes populaires et à toutes les personnes qui aspirent à un changement en profondeur vers une société égalitaire, écologique, juste et démocratique. Faudra-t-il une nouvelle «traversée du désert» pour en finir avec cette «politique»? Il reste encore très peu de jours d’espoir.

Opinions Agora Tobia Schnebli Elections cantonales genevoises

Dossier Complet

Elections cantonales genevoises des 2 et 30 avril 2023

mercredi 15 mars 2023
La population genevoise renouvelle ses organes exécutif et législatif en avril prochain. Des candidat·es au Conseil d'Etat sortent du bois et les partis s'organisent.

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