Le TF rend un arrêt béton
Le recours des opposants à l’extension de la carrière du Mormont (VD) a été partiellement admis par le Tribunal fédéral (TF). Mais ce dernier a rendu un jugement à la Salomon, sans répondre sur le fond du problème posé par ce projet.
Coté verre à moitié plein, saluons toutefois le fait que l’importance et la préciosité en matière de biodiversité et de paysage du site est reconnue. La haute cour oblige les exploitants de la carrière à restaurer le site une fois le précieux calcaire extrait.Un satisfecit pour les zadistes qui voient de ce point de vue la justesse de leur lutte reconnue. Et une pierre dans le jardin des autorités qui ont montré passablement de muscle. L’évacuation de zone à défendre a été menée en prenant quelques libertés avec des droits fondamentaux. Deux journalistes du Courrier avaient été expulsé·es du lieu durant l’opération en violation avec la liberté de la presse. Et l’acharnement mis par l’autorité à poursuivre les jeunes militant·es reçoit là un désaveu.
Reste. L’obligation de rendre les lieux en l’état est un peu principielle et traduit un regard purement juridique, faisant l’impasse sur les enjeux biologiques de ce type de sites. En Allemagne, ce genre de restauration a pu être fait avec un certains succès dans le cadre des mines de lignite en Rhénanie: les paysages restaurés étaient même parfois plus divers que les champs en monoculture tracés au cordeau. Mais, dans le cadre d’un site sensible comme le Mormont, certaines pertes en matière de diversité biologiques seront irrémédiables.
Et, seconde réserve: la question de fond, celle d’une société basée sur le béton comme arme de construction massive du capitalisme, pour citer un ouvrage du philosophe Anselm Jappe, et l’impact climatique que cela génère est tranchée dans le mauvais sens. Mon-Repos a estimé que l’intérêt public lié à la production du ciment –le site représente 20% des besoins suisses– doit clairement l’emporter.
Difficile d’attendre autre chose d’une telle instance chargée de dire le droit et rien que le droit. Cela montre bien que la question est politique et que c’est dans cette sphère qu’elle devra trouver ses réponses. A fortiori depuis que l’autorité de tutelle, le DETEC, est tombée aux mains de la frange climato-sceptique de l’UDC. La lutte pour le climat devra être menée sur la durée et sur tous les plans, notamment pour faire évoluer des mentalités politiques encore en décalage avec la gravité et l’urgence des enjeux.