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Jusqu’à quand?

Claude François Béguin se refuse à une condamnation unilatérale sur les causes du conflit armé en Ukraine.
Conflit

On meurt à Bakhmout, des jeunes dans la fleur de l’âge, ukrainiens et russes, des dizaines chaque jour (TV5Monde Info). Comme dans mes précédents textes sur le conflit ukrainien publiés dans cette rubrique (19 mars et 14 juillet), je n’élude d’aucune manière les responsabilités de la présidence russe dans le déclenchement du conflit, mais je me refuse à une condamnation unilatérale, chère aux médias dominants occidentaux. Je considère en particulier comme une attitude irresponsable, sinon criminelle, le jusqu’auboutisme acharné de leur coqueluche, le président Zelenski, téléguidé en cela par les Etats-Unis qui, ayant trouvé l’occasion rêvée pour étendre leur influence, pilotent l’Otan et l’Union européenne, pour mener une «proxy war», ou guerre par procuration, contre la Russie.

Pour moi, aux victimes humaines, il faut ajouter la démocratie, au nom de laquelle se bat l’Occident, mais qui est bafouée en l’occurrence par ses défenseurs belliqueux. Il est notoire que la soi-disant démocratie ukrainienne, prise comme alibi, est une démocratie falsifiée; vraie fausse révolution de Maiden en 2014, interdiction de certains partis (russophones essentiellement) et champ libre à l’extrême droite. Cruelle également; exactions dans le Dombas russophone à partir de 2014, persécution anti-LGBT.

Pour moi, le temps est venu pour toutes les parties de reprendre raison afin d’éviter une escalade incontrôlée, et de négocier. Pour la Suisse, il s’agit de se garder de mettre la main dans le feu en flirtant avec l’Otan, de maintenir une neutralité active et de résister aux pressions de l’Union européenne, en maintenant par exemple le refus du ministre de l’Economie, Guy Parmelin, que des munitions helvétiques puissent être utilisées dans le conflit (Le Monde, 7 novembre 2022).

Une lueur d’espoir; c’est paradoxalement de Washington qu’est venu un appel à la négociation, dans la bouche du chef d’Etat-major des armées, le général Milley, et cela à deux reprises (9 et 16 novembre). Il reflète l’inquiétude qui se fait jour à Washington et chez une partie des dirigeants occidentaux, sur ce que l’on pourrait appeler la soutenabilité de la guerre (Institut Montaigne, 21 novembre 2022). Il montre aussi que, malgré les apparences, la Russie n’est peut-être pas seule en péril en cas de poursuite de ce conflit.

Claude François Béguin, Genthod (GE)

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