La démocratie recule dans le monde. Plusieurs observatoires qui monitorent les valeurs universalistes le constatent¹>Rapports de l’Institut internationale pour la démocratie et l’assistance électoral (IDEA) de Stockholm. Du Freedom House et V-Dem.. Selon ces études, la moitié des pays démocratiques connaissent une érosion de leur système politique. Sur les 173 pays suivis par l’Idea, 52 démocraties étaient considérées en déclin. Et 27 pays se sont tournés vers l’autoritarisme, plus du double de ceux qui tendent vers davantage de démocratie! Environ 70% de la population mondiale vit sous un régime autocratique.

Cela prend des formes impérialistes, comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou la mise en place de régimes autoritaires, comme en Egypte ou en Tunisie. Mais cela peut prendre des formes plus larvées. Le populisme d’un Donald Trump culminant dans la contestation des résultats électoraux et l’attaque du Capitole par ses troupes chauffées à blanc en est une autre illustration. Même des vieilles démocraties ne sont pas à l’abri de replis nationalistes comme l’ont montré les cas récents de la Suède, de l’Italie ou du Brexit britannique. La xénophobie, la recherche de boucs émissaires et les politiques stigmatisantes et antisociales ne sont alors jamais très loin.

Quelles réponses politiques apporter à ce repli autoritaire, à cet impérialisme prédateur et mafieux? La réponse est aussi vieille que le mouvement ouvrier. La solidarité internationaliste. On pouvait penser que les troupes russes allaient balayer l’Ukraine; on voit que le peuple de ce pays – malgré toutes les limites institutionnelles qu’il convient de dénoncer – est droit debout.

Dans ce cas d’école, la Suisse défend sa position de neutralité; en revanche elle se refuse à confondre agresseur et agressé. Cela sera-t-il tenable sur le long terme? La légitimité du peuple ukrainien à se défendre est pleine et entière.

Ce retour aux fondamentaux s’applique dans de nombreux cas: comment ne pas être admiratif devant le combat féministe en Iran contre l’obligation du voile? Sa portée est immense et dépasse bien sûr cette question d’oppression religieuse. Il traduit des valeurs fondamentales de dignité, d’égalité, de justice sociale et de solidarité.

Qu’il s’agit de défendre partout. En solidarité avec ces militant·es, mais aussi dans nos pays où elles sont trop souvent mises à mal par des politiques qui se veulent ou se disent réalistes mais ne visent en fait qu’à faire perdurer les privilèges de quelques un et qui participent de fait de cette érosion des valeurs. La question d’œuvrer pour davantage de démocratie doit rester au cœur de toutes nos luttes.