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Ne rien lâcher, ne rien céder: l’avenir est à ce prix

Ne rien lâcher, ne rien céder: l’avenir est à ce prix
Noël est l’occasion de rappeler quelques valeurs plus fondamentales que l’ambiance consommatrice et parfois un peu superficielle des fêtes de fin d’année. KEYSTONE
Noël

Soufflons un peu, à l’occasion de cette trêve des confiseurs. L’an passé, à la même époque, le Covid était encore bien présent dans notre quotidien. L’année qui s’est écoulée a vu une certaine normalisation de nos vies. Le virus circule, certes, mais son coût humain est devenu nettement moins lourd. Les campagnes de vaccination ont montré leur efficience sur ce point-là au moins, même s’il eut été souhaitable que l’immunité soit plus durable.

L’occasion de se poser la question: avons-nous tiré les conséquences de cette période? Les espoirs mis dans une nouvelle sociabilité se sont-ils réalisés, sommes-nous un peu plus à l’écoute de celles et ceux que nous côtoyons? Pas vraiment, malheureusement. Le retour à la normale a plutôt coïncidé avec un syndrome de rattrapage: davantage d’individualisme, d’égoïsme et de recours à la religion séculière des marchés. Sans oublier la manifestation de l’impérialisme russe qui a déployé sa pleine nuisance en Ukraine et qui bouleverse pour le pire l’équilibre géopolitique de la planète.

Sans doute que les espoirs étaient un peu surfaits. Un virus et la face du monde serait changée? Un peu trop beau pour être vrai. Un peu trop facile au regard des puissants mécanismes forgeant les inégalités en action. Ce qui se joue est bien une lutte pour un autre monde possible mais qui n’adviendra pas par miracle ou en empruntant des raccourcis. Il sera la résultante de luttes souvent défaites mais dont la somme permet néanmoins d’avancer vers des rapports sociaux plus justes.

C’est donc l’occasion de rappeler quelques valeurs plus fondamentales que l’ambiance consommatrice et, malheureusement parfois un peu superficielle des fêtes de fin d’année. Un événement à lui seul nous y oblige: le dramatique suicide du jeune réfugié afghan Alireza, débouté dans sa demande de trouver un refuge et une vie en Suisse. La réponse des autorités a été bureaucratique, manifestation d’un Etat aveugle et sourd – le plus froid des monstres froids, selon la formule de Nietzsche – alors qu’elle aurait pu être empreinte de bon sens, d’humanisme et de démocratie. Cette dernière se mesure au sort qu’elle réserve aux plus faibles. Dans cette affaire, on constate qu’on est loin de l’excellence que la Suisse revendique souvent.

Il s’agit de ne pas se laisser intimider par les forces négatrices de ces valeurs à l’œuvre. Elles doivent être rejetées pour ce qu’elles sont, nulles et non avenues. Et c’est avec force qu’il convient de revendiquer des valeurs de solidarité, de fraternité, de justice sociale. Elle sont l’avenir, face aux remugles du passé qui encombrent notre actualité.

Opinions Philippe Bach Noël

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