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Education et liberté

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Pour être durable, une population doit satisfaire aux conditions de la sélection naturelle: survie, et procréation si les individus sont mortels. Dans les populations humaines, les mécanismes de la procréation sont mis en œuvre selon des règles socioculturelles arbitraires, très variables selon les sociétés. Pour durer, ces sociétés doivent transmettre leurs règles et satisfaire les deux premières conditions, ce qu’elles font de façons contradictoires à travers le monde. La secte suicidaire du «Temple solaire», par exemple, ne remplissait pas ces conditions et a vite disparu! Et puis, quand la société devient multiculturelle, les conflits de règles et de comportements, incessants entre systèmes sociaux différents, sont quotidiens, même si chaque système, isolé, peut sembler cohérent.

Le début de l’éducation des enfants est totalement contraint, pour des raisons de lieu de naissance, puis de sécurité. On apprend la ou les langues que l’on entend, les règles sociales pratiquées où l’on vit, et personne ne laissera à une tête brûlée de 3 ans la liberté d’escalader une échelle ou de jouer avec un rasoir sabre, même s’il en a envie et pique une rage quand on l’en empêche. Avant la liberté d’agir, il faut apprendre son mode d’emploi et ses limites!

Classiquement, dans les sociétés traditionnelles, des conditionnements par punitions et récompenses conduisent les enfants à adopter les modes de vie attendus pour la perpétuation du modèle social. Souvent, mais pas toujours, celui-ci est expliqué par des récits mythologiques valorisant la soumission à l’autorité et les règles de comportements attendues, qu’il s’agisse des textes sacrés des prophètes, d’autres contes de fées ou de ces récits du soir africains où des histoires d’animaux expliquent aux enfants réunis ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Ainsi sont transmis des ukases concernant les dominances sociales, les interdits, les relations sexuelles, le mariage éventuel, les relations entre catégories sociales: femmes et hommes, jeunes et vieux, pauvres et riches, prêtres et fidèles…

Qu’elles comptent des milliards de fidèles ou quelques dizaines d’adhérents, les sectes religieuses ou sociales (il convient de ne pas se limiter ici au prétendu surnaturel) misent sur le conditionnement de leurs membres: plus celui-ci est précoce, plus il est intériorisé et inconscient. Plus les dieux, les diables et la soumission aux gourous sont intégrés tôt dans les profondeurs du système nerveux, et moins il sera aisé d’en maîtriser les résurgences. Dans un tel contexte, les autorités des parents, des sectes ou des Etats, qui déterminent le modèle social de chacun, ­préfigurent ses choix. Mais ces trois formes d’autorité sont souvent contradictoires et en compétition.

La liberté consisterait à avoir, dès que possible, un choix individuel du modèle social et comportemental adopté. A condition que celui-ci respecte, bien sûr, des règles minimales – à définir – de vie durable en société. Mais les sectes religieuses et les régimes totalitaires ne sont pas plus prêts à accorder ce genre de liberté à leurs disciples qu’à renoncer à s’immiscer dans leur vie privée, mentale, sexuelle et sociale. La paix sociale ne pourrait pourtant exister qu’en respectant la liberté individuelle, puisque les conflits entre adhérents de «vérités» absolues contradictoires sont ingérables. La liberté de pensée suppose que chacun·e puisse, à maturité, remettre en question toute proposition arbitraire, réfléchir aux conditions dans lesquelles il ou elle a été conditionné·e à un modèle social ou religieux, et puisse choisir de le conserver ou d’en changer.

Cela suppose aussi que le modèle en question soit respectueux des droits humains et ne préconise pas la violence ou la dominance envers les adhérents des autres options, envers un sexe ou envers les athées et «apostats» aspirant à la liberté de pensée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les «religions du Livre» sont aux antipodes de ces nécessités du multiculturalisme…

* Chroniqueur énervant.

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lundi 8 janvier 2018

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