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Encore un futur quartier trop dense

Membre du collectif des associations d’habitant·es qui ont lancé un référendum contre le plan localisé de quartier Acacias I, Jean-Pierre Fioux détaille les motifs d’opposition au dit PLQ.  
Genève 

Début octobre, le Conseil municipal de la Ville de Genève a donné, sans enthousiasme, un préavis favorable au projet de plan localisé de quartier (PLQ) Acacias 1 situé entre l’Etoile et les Vernets. S’il n’est pas combattu par référendum, ce PLQ décidera pour plus d’un siècle d’aménagements dans un espace urbain grand comme la moitié du quartier des Eaux-Vives.

Sur des terrains appartenant en quasi-totalité à l’Etat de Genève, il est nécessaire d’imaginer un autre plan qui réponde réellement aux besoins de la population et à la lutte contre le réchauffement climatique.

Une alternative qui peut être élaborée dans de brefs délais. Elle devrait prévoir autant voire davantage de logements de qualité, mais moins de bureaux et de locaux commerciaux. En juin 2022, on comptait 184 000 m2 de surfaces commerciales vacantes dans le canton. Or le PLQ crée ou maintient plus d’emplois que de logements! Comme si les emplois manquaient à proximité: plus de 5000 à Lancy/Pont-Rouge, 2500 pour la banque Pictet. Et il en est prévu plusieurs dizaines de milliers dans les autres secteurs de la Praille-Acacias-Vernets.

Il s’agirait aussi de créer de larges espaces verts avec un vrai parc au cœur du quartier. De libérer suffisamment d’espace pour les équipements publics nécessaires: une école et un préau correctement dimensionnés, des lieux généreux et bien situés pour la vie associative, culturelle et sportive. De maintenir des bâtiments artisanaux à bas loyer. Tout ceci reste très insuffisant ou absent dans le PLQ.

De fait il n’y a pas eu de véritable concertation préalable: les remarques sur le projet de PLQ ne pouvaient influer que sur des aspects très mineurs. Car ce PLQ hyperdense a été conçu en priorité pour attirer les potentiels investisseurs plutôt que pour répondre aux besoins réels de la population.

Cela se traduit par un urbanisme d’entassement avec cinq tours entre 53 et 93 m de haut, chères, énergivores et bouchant la vue. Pour le reste, sont prévues des rues étroites entre des bâtiments très rapprochés autour de petites cours intérieures.

Mais c’est aussi un urbanisme inégalitaire. Dans les parties supérieures des tours, on trouverait des appartements chers pour les hauts revenus, avec vue, soleil, bonne circulation de l’air, tranquillité. Pour la majorité des autres logements, des cours bruyantes avec des vis-à-vis très proches, des ombres persistantes la majeure partie de l’année quand il fait bon de profiter du soleil mais qui, en été, deviendront des îlots de chaleur en l’absence de ventilation naturelle.

Les autorités vantent la renaturation de l’Aire et de la Drize dans le quartier. Outre le fait que cette dernière a dû être alimentée en eau potable cet été (!), cet aménagement situé entre des bâtiments de grande hauteur ne compense pas les importants défauts du PLQ.

Un référendum municipal opposé au PLQ, en cours de récolte de signatures, a été lancé par de nombreuses associations d’habitant·es et diverses organisations. Les partisans du projet officiel les accusent de nier la demande de la population en matière de logement. C’est totalement faux. Une proposition alternative a montré qu’il est possible de construire davantage de logements jouissant de très bonnes conditions, avec de vastes équipements de quartier, un grand parc, un nombre d’arbres plus important. Il faudrait approfondir cette démarche en conservant des bâtiments existants pour des activités artisanales ou associatives aux loyers accessibles et éviter le gaspillage d’édifices en bon état. Le contraire de la table rase voulue par le canton qui déboucherait sur une gentrification du quartier.

Pour toutes ces raisons, il est nécessaire que les habitant·es ayant le droit de vote en Ville de Genève puissent refuser le PLQ Acacias 1 pour exiger un quartier vivant, de qualité, répondant à l’urgence climatique. Après, il sera trop tard.

Jean-Pierre Fioux est membre du Collectif des habitant·es et des associations de quartier (jonx.ch)

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