Un millier de fonctionnaires et de chauffeur·euses des TPG ont manifesté mercredi dans les rues de Genève. Ce n’est pas le grand soir. Mais le Conseil d’Etat a tort de se cantonner, comme il le fait, dans une attitude inflexible d’employeur près de ses sous.

Cette mobilisation modeste ne traduit pas forcément une passivité de la fonction publique. Les témoignages recueillis montrent au contraire une colère certaine. Dans de nombreux secteurs – santé et sécurité en tête –, on a tellement réduit le personnel que le flux tendu règne en maître. L’obligation d’assurer un service minimum équivaut en fait aux effectifs à disposition.

Mais la colère est là. Et bien là. On a applaudi les soutiers de la santé durant la pandémie. Leur réduire ensuite les salaires – car rogner sur l’indexation signifie une baisse du pouvoir d’achat – est pour le moins cavalier. On a vu dans le passé récent que ce type de mouvement social peut monter en puissance sur la durée. De fait, le personnel des TPG, visiblement très remonté, a décidé de reconduire la grève ce jeudi. Mercredi, la direction de la régie publique a réussi à contourner avec une habileté certaine le blocage des dépôts. Qu’en sera-t-il ce jeudi?

Deuxième inconnue dans l’équation, politique celle-là. La campagne électorale a commencé. Genève est gouverné à gauche au niveau du Conseil d’Etat. De ce point de vue, la politique de cette majorité gouvernementale est peu lisible. Entendre l’exécutif du bout du lac plaider pour des nouveaux postes et les financer en se servant sur les salaires des employé·es de l’Etat est un aveu de faiblesse et de manque d’ambition politique.

Cela met les partis de gauche – certes minoritaires au niveau du parlement cantonal – devant leurs responsabilités. A eux de rappeler à l’ordre leurs représentants au Conseil d’Etat. A défaut, la facture risque bien de leur être présentée ce printemps, lors des élections cantonales, par le simple mécanisme d’une démobilisation de leur base. Ce qui ouvrira un boulevard à la droite et à l’extrême droite.