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Comment sortir de la crise alimentaire?

L’ONG Swissaid coorganise et participe aux Journées de l’agroécologie qui se tiennent en octobre. A la veille de leur lancement, Simon Degelo, responsable du dossier biodiversité et semences, lance un appel en faveur d’une agriculture locale, durable et plus résiliente au changement climatique, au Nord comme au Sud.
Agriculture

Pour vaincre la faim, nous devons toutes et tous nous mobiliser. Produire et consommer plus local, diversifié et durable, en Suisse comme ailleurs. Car notre système agroalimentaire est en crise: alors qu’il produit suffisamment pour nourrir toute la planète, plus de 820 millions de personnes se couchent chaque soir la faim au ventre. Pire encore, le risque de famine gagne du terrain: 345 millions d’individus sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, un nombre qui a plus que doublé depuis 2019, alerte le Programme alimentaire mondial (PAM). 1>PAM, «2022: une année de faim sans précédent», accès: https://bit.ly/3dVlnmb

La manière dont nous produisons, transformons et consommons les aliments participe largement aux crises actuelles telles que le réchauffement climatique, la perte de biodiversité et la pollution environnementale. Parallèlement, notre système alimentaire mondialisé est incapable de faire face aux défis de notre temps, comme l’ont démontré la pandémie de Covid-19 et la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine. La récente explosion du prix des céréales a mis en lumière la dramatique dépendance de nombreux pays à l’égard des importations et la vulnérabilité alimentaire de millions de personnes, particulièrement dans l’hémisphère sud.

Penser aux besoins des populations. L’heure est venue de changer de paradigme. En Suisse comme au Sud, il est temps d’opérer une transition en faveur de systèmes alimentaires centrés sur les besoins des populations et non des intérêts de certains Etats et de multinationales. Nous avons besoin d’une agriculture plus résiliente au changement climatique et préservant durablement notre planète. L’agroécologie, qui sera à l’honneur en Suisse durant tout le mois d’octobre, offre moult solutions en ce sens: une production locale et équitable d’aliments plus respectueuse des écosystèmes et la promotion de la diversité.

Ce pari de l’agroécologie, Swissaid l’a pris il y a maintenant plusieurs années, et les réussites sont au rendez-vous sur les trois continents où nous intervenons. Par exemple, en Colombie, où les populations rurales s’engagent fortement en faveur des semences paysannes et de leur rôle-clé pour l’agrobiodiversité. Les petit·es paysan·nes ne s’approvisionnent pas en semences auprès de grands groupes mais utilisent des graines locales qu’ils et elles multiplient et échangent. En lieu et place de monocultures fragiles, ces populations cultivent des plantes qu’elles ont sélectionnées et multipliées, qui se nourrissent mutuellement et se protègent des maladies et des parasites.

Autre exemple de succès en Inde, où des familles paysannes ont fait le choix de solutions naturelles plutôt que d’engrais chimiques pour leurs cultures. Ces familles ont axé leur production sur les besoins de leur foyer, leur communauté et leurs terres plutôt que sur l’exportation. Nombre de ces approches ne sont pas nouvelles, mais elles doivent parfois être remises sur le devant de la scène, approfondies et diffusées.

Octobre sera donc le mois de l’agroécologie2>https://agroecologyworks.ch/fr/journees-de-l-agroecologie/2022/events avec toute une série d’événements organisés en Suisse, dont une partie par Swissaid et ses partenaires, auxquels paysan·nes, chercheur/euses, consommateur/trices, entreprises, coopératives, œuvres d’entraide et toute personne intéressée sont conviées. Ne laissons pas le train du changement passer, sautons dans le wagon et travaillons ensemble à la construction d’un système alimentaire juste, durable et sain.

Notes[+]

www.swissaid.ch/fr/

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