Le cauchemar continue! Le gouvernement helvétique diffuse à tous azimuts des conseils d’économie d’énergie destinés aux particuliers en guise de mesures préventives contre une éventuelle pénurie d’énergie pour cet hiver. Jeune ingénieur, j’ai commencé ma carrière au canton de Bâle-Ville en organisant une campagne qui diffusait exactement les mêmes conseils. Mais on était en 1982! Quarante ans se sont écoulés et les politiciens que nous avons élus pour gouverner, donc pour prévoir, n’ont rien appris! C’est affligeant. C’est à mes yeux un spectacle de marionnettes dont les ficelles semblent tenues par les dirigeants de l’économie. La stratégie est claire: on se focalise sur des mesures marginales pour faire oublier l’essentiel. Et on protège les vrais responsables, comme ceux qui conçoivent, vendent et achètent des produits énergivores tels que SUV thermiques ou électriques ou ceux qui auraient les moyens d’isoler leurs bâtiments mais préfèrent s’acheter les ­produits susnommés.

Ce qui est cauchemardesque dans les annonces du Conseil fédéral, c’est son mépris pour ceux que la hausse des prix de l’énergie touche vraiment: les foyers des classes modestes et moyennes, les artisans et les PME. Et qu’en est-il de tous ceux qui face aux recommandations obstinées de pratiquement toute la classe politique ont acquis, croyant faire le mieux, des voitures électriques et des pompes à chaleur et sont maintenant punis pour leurs bonnes intentions par l’explosion des prix de l’électricité?

Les riches, pour qui le budget énergie ne représente qu’une partie négligeable de leurs dépenses, même si le prix de l’énergie venait à doubler, ne remarqueront pas vraiment ces hausses de coûts et pourront mener leur vie de riches sans rien changer. Les inégalités sociales augmentent une fois de plus. Et la gauche, y compris les écologistes, se range sagement derrière ces conseils au goût de réchauffé et tait l’essentiel.

Jean-Philippe Scalbert,
Saint-Blaise (VD)