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AVS: une réforme antisociale et discriminatoire

Emmanuel Deonna s’exprime contre les deux volets de la réforme de la prévoyance vieillesse soumis aux urnes le 25 septembre.
Retraites 

La réforme du système des retraites sur laquelle nous voterons le 25 septembre est combattue par la gauche, les syndicats et la grande majorité des associations féminines. Sa principale mesure est la hausse de l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, à l’égal des hommes. Les prévisions alarmistes concernant l’AVS sur lesquelles le camp bourgeois et le Conseil fédéral s’appuient pour justifier cette décision ne sont pas conformes à la réalité. En 2011, comme le rappelle l’Union syndicale suisse (USS), elles prévoyaient que vers le milieu de la décennie les liquidités de l’AVS seraient inférieures à 50% des dépenses d’une année. Or, en 2020, la fortune de l’AVS se montait à 47 milliards de francs. Elle était supérieure aux dépenses qui plafonnaient à 46 milliards. En 2020, l’AVS disposait d’un excédent de 1,9 milliard et en 2021 de 2,6 milliards. L’AVS est le principal et le plus socialement juste des trois piliers de la prévoyance en Suisse. Au lieu de faire travailler les femmes plus longtemps, il est nécessaire de la renforcer en augmentant les rentes qui sont beaucoup trop basses.

Aujourd’hui, la rente AVS varie entre 1195 et 2390 francs, soit en moyenne 1800 francs. Selon la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), le seuil de pauvreté est fixé à 2749 francs. A en croire notre constitution, l’AVS doit satisfaire aux besoins vitaux. Or, même avec la rente maximale, de très nombreuses femmes se retrouvent en dessous du seuil de pauvreté. Une femme sur quatre en Suisse a seulement l’AVS pour vivre. 15% des femmes doivent recourir aux prestations complémentaires.

Une piste pour renforcer l’AVS consisterait à utiliser les milliards de francs de bénéfices réalisés par la Banque nationale suisse, comme le propose l’initiative de l’USS. Ensuite, il faut aussi agir contre les discriminations salariales. Les rentes du 2e pilier sont en effet très inégalitaires. Parmi les femmes qui possèdent un deuxième pilier, 50% ont une rente inférieure à 1000 francs par mois. Les femmes de droite qui se mobilisent en faveur de la réforme ont de hauts salaires et n’ont pas de difficultés financières! Tout comme leurs homologues masculins des partis bourgeois, elles ne se sont pas mobilisées pour une révision de la loi sur l’égalité. Elles n’ont pas donné de la voix pour exiger des hausses de salaire dans les professions majoritairement exercées par des femmes. La pandémie a mis en lumière l’importance cruciale de ces professions. Ces métiers continuent à être mal rémunérés en Suisse.

Par ailleurs, une hausse de l’âge de la retraite serait d’autant plus injuste que l’espérance de vie en bonne santé en Suisse varie fortement. Les personnes avec un bas niveau de formation (scolarité obligatoire uniquement) travaillent dans des métiers avec une plus grande pénibilité. Selon l’Office fédéral de la statistique, elles vivent moins longtemps en bonne santé que les personnes avec une formation secondaire ou tertiaire.

L’allongement de la durée du travail affaiblirait enfin les mécanismes de solidarité intergénérationnelle. Les dispositifs permettant de concilier vie familiale et professionnelle sont notoirement défaillants en Suisse. On sait que les grands-parents représentent la plus grande structure d’accueil de la Suisse. Au total, toujours selon l’USS, ils assurent 160 millions d’heures de garde. Les grands-mères en assurent 113 millions (soit 70%) et les grands-pères 47 millions (30%).

Non contente d’exiger des femmes qu’elles travaillent plus pour gagner moins, la droite propose également d’augmenter la TVA de 7,7% à 8,1%. Il s’agit du deuxième volet de la réforme. Mais la TVA est un impôt antisocial par excellence. Elle affecte tout le monde de façon uniforme sans tenir compte du revenu et de la fortune. Enfin, comme l’a fait remarquer notamment le syndicat Unia, les Suissesses et les Suisses sont actuellement déjà confronté·es à une hausse des prix du fait de l’instabilité géopolitique mondiale. Et elles et ils devront faire face à une forte hausse des primes d’assurance maladie à partir de l’année prochaine. Pour toutes ces raisons, votons un très grand «non» le 25 septembre à une réforme des retraites discriminatoire et antisociale.

* Député au Grand Conseil, PS, Genève.

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