Nouvelle offensive du capital
Faut-il supprimer l’impôt anticipé sur les entreprises? Le peuple se prononcera le 25 septembre sur cette nouvelle offensive de la droite pour défiscaliser le capital, sous prétexte de rendre la place financière suisse plus dynamique.
En février, les citoyen·nes refusaient dans les urnes d’abolir le droit de timbre d’émission, qui touche également les plus grandes entreprises. Une large majorité a ainsi affirmé son attachement aux recettes fiscales de 250 millions de francs par an venant des capitaux de multinationales.
La logique de l’offensive contre l’impôt anticipé est la même. A nouveau, le Conseil fédéral et la droite veulent renoncer à plus de 200 millions de francs par an de recettes fiscales (800 mios selon les scénarios les plus pessimistes de la gauche, si les taux d’intérêts continuent à augmenter) en faveur des investisseurs. A nouveau, le spectre de la fuite des capitaux à l’étranger est brandi. Le marché des obligations en Suisse est en petite forme, à cause de cet impôt anticipé de 35% sur les intérêts, selon la droite.
La votation s’inscrit dans un contexte d’inégalités croissantes, où 0,3% des contribuables accaparent le tiers des richesses du pays. Jusqu’à maintenant, les allégements fiscaux pour les plus riches n’ont pas donné lieu au ruissellement miracle promis par la droite. Alors que les travailleurs·euses, les locataires et les plus précaires sont les premiers à faire les frais de multiples crises, il apparaît particulièrement malvenu de supprimer des recettes fiscales et de fragiliser ainsi les caisses de l’Etat.
Abolir l’impôt anticipé permettrait de dynamiser le marché des obligations vertes, et donc de rendre la place financière plus durable, argue la droite. C’est une manière bien opportuniste de s’intéresser aux enjeux écologiques. De fait, la transition est nécessaire, les entreprises n’auront d’autre choix que de s’y mettre. Et l’Etat a besoin de recettes pour y faire face. Il s’agit aussi de savoir quel tissu économique nous voulons favoriser. Les multinationales prédatrices ou les PME? La suppression de l’impôt anticipé favorise uniquement celles qui ont la capacité de lever des capitaux en émettant des obligations. Les PME – qui génèrent deux tiers des emplois en Suisse – n’en tirent aucun avantage. Il est temps de penser l’économie autrement et de reconnaître à leur juste valeur les entreprises à taille humaine, plus à même de participer à une transition écologique responsable.