Mobilisation générale!
La campagne sur la réforme de l’AVS – les autorités n’osent même plus présenter leurs projets avec un numéro tant il y en a eu ces vingt dernières années – entre dans sa phase finale. Moins d’un mois avant la votation du 25 septembre, alors que les récents sondages mobilisés dans les médias annoncent une tendance allant vers le «oui», c’est non seulement l’égalité entre femmes et hommes, mais aussi la solidarité intergénérationnelle qui sont en jeu.
Selon le sondage gfs réalisé pour la SSR, les femmes sont davantage opposées à cette réforme que les hommes. Elles ne l’accepteraient qu’à une petite majorité (51%) alors que les hommes la plébisciteraient à 70%. La médiatisation de l’égalité et du féminisme dans les débats depuis plusieurs années ainsi que l’argument récurrent d’une égalité soi-disant réalisée sous-tendent probablement cette propension masculine en faveur du projet de réforme. Ce dernier argument joue probablement également un rôle dans la plus grande acceptation du projet par les jeunes générations. Angoissées par la crise écologique, une partie des jeunes femmes et hommes risquent par ailleurs de ne pas sentir la nécessité de prendre part à la votation.
Pourtant, cette réforme ne réalise pas l’égalité, au contraire, elle ouvre la porte au relèvement futur de l’âge de la retraite à 67 ans, voir 70 ans pour toutes et tous (avec la flexibilisation de l’âge de la retraite jusqu’à 70 ans). Elle n’augmente pas non plus les rentes AVS (absence de vraies mesures compensatoires). En bref, faut-il le rappeler encore une fois, AVS21 va péjorer les conditions de travail et de vie d’une grande partie de la population, des femmes en grande majorité, mais également de l’ensemble des personnes travaillant dans des secteurs marqués par la pénibilité et les bas salaires. Elle va ainsi accroître les inégalités socio-économiques dans la population.
Faut-il rappeler que la rente AVS mensuelle varie entre 1195 et 2390 francs? Qu’une femme sur quatre ne peut compter que sur l’AVS pour vivre? Faut-il enfin rappeler que la TVA, dont la hausse prévoit de financer cette réforme, est un impôt socialement injuste et qu’il diminue le pouvoir d’achat de larges pans de la population?
Si la grande majorité des arguments s’opposant à cette réforme ont été élaborés par la mobilisation féministe issue de la grève du 14 juin 2019, force est de constater que les débats contradictoires sont aujourd’hui confisqués par des membres en vue des partis politiques, des représentant·es de l’économie. En forçant un peu le trait, c’est à un véritable combat de coqs que l’on assiste par presse interposée: Berset versus Maillard. Il est particulièrement énervant de constater une fois de plus, une fois de trop, que la défense de la réforme, tout comme celle de l’égalité, se font en l’absence des femmes.
Les principales concernées, celles à qui on demande de travailler une année de plus pour toucher au bout du compte la même rente mensuelle qui ne permet même pas de subvenir à leurs besoins, celles qui sur le marché du travail sont évincées ou mises de côté dès qu’elles deviennent mères, celles qu’on met sur silence quand elles donnent un avis trop dissident, celles qui défendent un principe inscrit dans la constitution, ces femmes ne sont pas, à quelques exceptions près, invitées dans les arènes médiatiques. Et si elles le sont, on ne les entend pas vraiment, on ne les relaie guère.
On nous rétorquera qu’il faut une parole qui fasse le poids, soit médiatique, charismatique, etc. Est-ce à dire qu’en 2022, aucune voix féminine ne peut faire autorité, ne serait légitime?
Dans ce contexte et à moins d’un mois de la votation sur AVS21, mobilisons-nous. Il faut convaincre davantage de personnes, dans notre entourage, privé comme professionnel, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes. Il est plus que jamais nécessaire et urgent de dire «non» à AVS21.
Miso et Maso sont investigatrices en études genre.