Le peuple devrait voter sur l’acquisition des avions de combat F-35. Quelque 120’000 signatures ont été déposées mardi. Mais le scrutin sur cette initiative de rattrapage risque d’arriver comme la grêle après la vendange. Après l’expiration du délai de l’offre par le constructeur étasunien Lockheed Martin fixé au 31 mars 2023.

Sur le papier, en théorie, un scrutin en urgence est encore possible (en bâclant un peu les indispensables rapports et autres messages du Conseil fédéral). ­Autant dire que cela ne sera pas le cas. Les partisan·es de l’avion de combat vont se réfugier derrière le oui de principe sorti des urnes en septembre 2020 avec 50,1% des voix, après une campagne qui a frisé le code. On a fait voter les Suisses la tête dans le sac, sans projet réel, sans avancer des coûts sérieux.

Actuellement, le dossier n’est guère plus clair. Officiellement, on parle de 6 milliards de francs; dans les faits, une fois inclus les dépassements de crédits et les coûts induits, on sera plus proche des 23 milliards, selon le Monsieur armée du Parti socialiste suisse, Pierre-Alain Fridez.

Comme pour l’achat des F/A-18 – en plein éclatement de l’ex-Yougoslavie –, la lucarne de tir est opportune pour la caste militaire. L’invasion de l’Ukraine et la nécessité de s’abriter sous le parapluie de l’Otan vont compliquer la campagne pour les opposant·es au coûteux engin.

Et tant pis s’il s’agit d’un avion d’attaque furtif, guère adapté à la protection de l’espace aérien helvétique. Sans même parler du fait qu’un tel achat détourne des fonds qui seraient indispensables à la lutte prioritaire contre le réchauffement climatique.