Édito

Des questions de principe

Gandur contre «Le Courrier»: en attente du verdict
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Gandur contre Le Courrier

Chère lectrice, cher lecteur, vous trouverez en page 3 une publication judiciaire que nous impose la justice genevoise. Il s’agit en fait d’une redite. Petite explication. Un différend nous oppose depuis 2015 à Jean Claude Gandur lié à feu le projet du Musée d’art et d’histoire. M. Gandur, qui intervenait dans ce projet dans le cadre d’un partenariat privé-public, s’est senti offensé par un article questionnant l’origine de sa fortune.

Deux procédures distinctes, l’une au pénal, l’autre au civil, s’en sont suivies. Celle au pénal a été frappée de prescription (mais nous était globalement favorable en dernière instance); celle au civil est montée jusqu’au Tribunal fédéral qui nous a donné tort. Ce qui nous a imposé une première publication judiciaire dans nos pages le 24 novembre dernier. M. Gandur a contesté la forme de celle-ci. Nous n’avions publié que la conclusion du jugement, à savoir notre condamnation. Le Tribunal de première instance, saisi d’un recours de M. Gandur, nous condamne au contraire à publier l’entier du dispositif de l’arrêt nous donnant tort. Dont acte.

Un jugement non motivé. Il en coûterait près de 3000 francs au journal pour avoir accès aux considérants et aux motivations des juges. Nous avons choisi de ne pas recourir, cet argent peut donc être mieux employé. Mais nous y voyons une forme d’acharnement.

Le Courrier a donc décidé de ne pas lâcher d’affaire. Le désaveu que le Tribunal fédéral nous a infligé nous paraît contrevenir aux principes fondamentaux de la liberté de la presse. L’affaire a été portée un cran plus haut: la Cour européenne des droits de l’homme a été saisie d’un recours en bonne et due forme. L’affaire prendra sans doute plusieurs années pour être jugée.

Il s’agit d’une question de principe et nous n’entendons pas nous laisser intimider par ce que nous considérons être une procédure bâillon. Depuis quelques années, ces dernières ont tendance à se multiplier. Le Courrier est bloqué depuis plusieurs mois par un tel recours à la justice dans le cadre du procès Raiffeisen. Une personnalité publique de Genève, impliquée dans cette affaire, nous a infligé des mesures superprovisionnelles et provisionnelles pour nous interdire de mentionner son implication dans ce procès. Celles-ci ont été levées, mais l’intéressé a recouru contre cette décision.

Et ne parlons même pas des «Suisse Secrets» portant sur Credit Suisse où la presse helvétique a été muselée par la protection accordée aux banques par un parlement qui fait passer les intérêts de lobbies économiques avant les fondamentaux de la démocratie. La Suisse a reculé à la 14e place en matière de la liberté de la presse. Pas de quoi pavoiser. Mais une motivation pour se battre.

Opinions Édito Philippe Bach Gandur contre Le Courrier

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