Édito

Nous tenons bon

Nous tenons bon
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Gandur contre Le Courrier

Depuis jeudi, les messages de soutien pleuvent, demandant comment venir en aide au Courrier dans la tempête judiciaire qu’il traverse. Un bras de fer se joue en effet, depuis 2015, entre le titre et le milliardaire Jean Claude Gandur. Celui-ci nous attaque en raison d’un portrait publié dans le cadre de la votation genevoise sur l’extension du Musée d’art et d’histoire (MAH) à laquelle il désirait s’associer.

Une double procédure, au pénal et au civil, est en cours. Le Courrier a obtenu gain de cause à quatre reprises – dont trois sur le plan pénal. En seconde instance, au civil, les juges reconnaissent une atteinte à l’honneur et donnent raison à la partie plaignante. Nous ferons recours auprès du Tribunal fédéral. Non seulement parce que cette sentence remplace l’exigence d’un franc symbolique par la prise en charge de 50’000 francs de frais de justice. Surtout, parce que l’arrêt fait peser une grave menace sur la profession du journalisme en Suisse. La peine pécuniaire est une chose, mais la plus grande inquiétude concerne l’intérêt public à disposer d’une information indépendante et le droit pour les médias de faire leur travail démocratique.

En première instance, le Tribunal avait estimé d’«intérêt public (…) d’informer les citoyens sur le parcours [de Jean Claude Gandur] et l’origine de sa fortune et de celle d’[Addax and Oryx Group]». «Il n’est en particulier pas contestable» que Jean Claude Gandur et sa société «ont bâti leur succès et leur fortune notamment dans des zones de guerre ou avec des régimes autoritaires, dont certains parmi les plus corrompus de la planète, et dans un secteur – l’extraction et le négoce de matières premières – où les actes de corruption sont notoirement fréquents». Des éléments que le jugement de seconde instance relève lui aussi dans ses considérants, sans pour autant les prendre en compte dans la conclusion, et que nous maintenons et défendrons résolument devant la Haute Cour.

L’arrêt reproche au Courrier d’avoir pu influencer l’opinion publique avant une votation: les citoyens apprécieront. Ce procès d’intention s’éloigne en tout cas de l’accusation initiale de Jean Claude Gandur, qui se déclarait «blessé et meurtri» par notre portrait.

Que nos lectrices et lecteurs se rassurent: nous ne renoncerons pas à notre mission d’information et ne trahirons pas la confiance qu’ils accordent au Courrier, dont ils garantissent l’indépendance par leur soutien.

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