Genève

Un patron mauvais payeur dénoncé

Le bar-restaurant Clandestino à la Jonction a été pointé du doigt par le syndicat SIT pour des arriérés de salaire.
Un patron mauvais payeur dénoncé
Sept ancien·nes employé·es sont venu·es réclamer des salaires qui leur sont dus, accompagné·es de plusieurs syndicalistes du SIT. LVT
Syndicats

Une dizaine de personnes se sont rassemblées ce jeudi soir, avec autorisation de la police, devant la terrasse pleine d’un restaurant des bords du Rhône. Sept ancien·nes employé·es, dont plusieurs sans papiers, sont venu·es réclamer des salaires qui leur sont dus, accompagné·es de plusieurs syndicalistes du SIT. «Aucun salaire ne leur a été versé durant les mois de septembre, octobre et novembre 2021», dénonce Julien Repond, secrétaire syndical. «Nous avons tous été précarisés, moi-même, je sors à peine aujourd’hui la tête de l’eau», poursuit Naïma*, ex-employée qui tente d’interpeller par mégaphone les clients indifférents.

A la suite d’une accumulation de ces salaires impayés l’automne passé, la grande majorité des travailleurs et travailleuses a décidé de démissionner avec effet immédiat, et le patron a mis la clé sous la porte peu de temps après. «Il n’a pas déclaré l’entreprise en faillite, ce qui empêche encore aujourd’hui ses anciens employés d’avoir accès à la caisse d’insolvabilité», explique Julien Repond.

Mais l’indignation des lésé·es ne s’arrête pas là. Au mois de juin passé, ils découvrent que la raison sociale et le patron du restaurant ont officiellement changé, mais que le nouveau gérant est un ami d’enfance de l’ancien. Luís*, comme les autres démissionnaires, soupçonne qu’il s’agit d’une «acrobatie pour que l’ancien patron continue de diriger le restaurant de manière officieuse».

Les deux hommes en question sont présents ce jeudi soir sur la terrasse du restaurant, au moment de l’action. Furieux et imposant physiquement, l’ancien patron se rue sur le rassemblement et saisi l’un des manifestants par le cou. «De toute façon, il n’a pas de papiers», s’exclame-t-il, s’en référant à l’un d’eux. Le ton monte, mais les syndicalistes du SIT parviennent à calmer le jeu.

Contacté en amont par téléphone, l’ancien gérant accuse les ex-employé·es de lui avoir volé 140 000 francs en produits de consommation. Dénonçant un «complot» contre sa personne, il justifie ainsi de ne pas avoir payé les 160 000 francs de salaires qu’il leur doit. Une ancienne fournisseuse de produits péruviens est également présente pour demander 5000 francs de marchandise qui ne lui ont, à elle non plus, jamais été payés.

Pour régler le litige, le mauvais payeur allégué a été convoqué à plusieurs séances de conciliations. «Il ne s’est jamais présenté», indique Julien Repond. Questionné à ce sujet, l’ancien gérant rétorque qu’il ne pouvait pas être présent pour cause d’hospitalisation. «Du fait de ces histoires, j’ai dû passer deux mois en clinique pour burn-out», explique-t-il, concédant par ailleurs qu’un des défauts de présence était en fait un oubli de sa part.

Il nie tout artifice juridique concernant le changement de raison sociale de l’entreprise, et le nouveau gérant aussi. Seul le nom de ce dernier figure au Registre du commerce. Embarrassé par la manifestation auprès de ses client·es, il regrette que l’image de son nouveau restaurant soit «salie».

De son côté, le SIT exige des réponse, et promet de revenir faute de cela.

*Prénoms d’emprunt

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