Vaccin attendu contre la variole
Elle peut toucher tout le monde, mais certains groupes de la population présentent un risque accru. La variole du singe, contractée par près d’une soixantaine de personnes pour le moment à Genève, affecte surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Ce mercredi 3 août, l’association Dialogai, qui lutte pour leur défense à Genève, a appelé les autorités suisse à réagir sans délai, notamment en amorçant une campagne de vaccination ciblée pour les personnes ayant été en contact avec le virus ou à risques de le contracter.
Canton en attente
Pour l’heure, une soixantaine de cas ont été recensés à Genève, et cinq personne ont dû être hospitalisées, soit pour des raisons d’isolement soit pour des motifs de prise en charge des symptômes. Florence Forget, chargée de communication pour le Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS) explique de son côté que la question du vaccin «est gérée en amont et n’est pas, à ce stade, entre les mains des cantons».
Elle rappelle que les organes compétents pour émettre des autorisations et recommandations sont l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV). «Nous savons que des discussions sont en cours au niveau fédéral, mais nous avons pour le moment peu d’informations», indique-t-elle.
Sur son site internet, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) rappelle quant à lui qu’ «il n’existe pas de vaccin spécifique contre la variole du singe», mais que des vaccins de troisième génération pour la variole ‘classique’ offrent une bonne protection contre cette première, avec environ 85% d’efficacité. L’OFSP explique également que «des clarifications sont en cours concernant l’acquisition de vaccins».
Maladie «bénigne» mais douloureuse
Bien qu’elle soit considérée bénigne de par son faible taux de mortalité, la maladie peut entraîner des formes graves et provoquer d’importantes souffrances chez les personnes touchées. Noam* raconte l’épreuve des dix premiers jours après son infection, qui lui a provoqué des lésions corporelles douloureuses. «Les antalgiques habituels ne fonctionnaient pas assez bien, alors on m’a prescrit des opiacés mais j’étais quand même réveillé la nuit», se souvient ce Genevois de 31 ans.
Isolé à domicile pendant une dizaine de jours après le diagnostic, il a été en contact régulier avec le service du Médecin cantonal: «Je sentais que la maladie était prise très au sérieux et qu’ils essayaient de gérer la situation au-delà de ma personne», raconte-t-il.
«Engagement insuffisant»
Malgré qu’il félicite le suivi, Noam estime que des améliorations sont possibles. «Une fois que l’on est dans la boucle, cela se passe très bien, mais il a été compliqué d’arriver à entrer en contact avec eux au départ.»
Pour y parvenir, ce dernier est passé par Check Point, le centre genevois de santé pour les hommes gays. «Nous voyons tous les jours de nouveaux cas», explique Loïc Michaud, infirmier responsable. Depuis les premiers cas détectés, ce dernier observe «une forte augmentation de la charge de travail liée à la propagation de la variole du singe».
Risque de stigmatisation
Pour sa part, Matthias Erhardt, président de l’association Dialogai déplore «un engagement insuffisant des autorités sanitaires». Il rappelle notamment «l’état d’urgence de santé publique de portée internationale» prononcée par l’Organisation mondiale de la santé le 23 juillet. Il regrette aussi qu’«au vu des efforts déployés pour les personnes vulnérables pendant la pandémie, l’Etat mette autant de temps à réagir pour les populations vulnérables elles aussi face à la variole du singe.
Dans l’attente d’un vaccin qui tarde à venir, Noam explique également que la variole peut infliger des dégâts permanents aux personnes infectées, à l’instar des cicatrices importantes laissées par la maladie sur son corps. «J’ai peur d’avoir à me justifier systématiquement auprès de mes futurs partenaires, s’inquiète-t-il. Ceux-ci pourraient être repoussés.»
Il explique également avoir dû faire un coming-out auprès de son employeur. «Je n’avais pas prévu de le faire, mais j’ai voulu être transparent quant à mon état de santé.» Et de poursuivre que «cela pourrait arriver à d’autres qui n’auraient pas envie de dévoiler leur homosexualité».
*Prénom d’emprunt