Il aura fallu une guerre et l’ombre planante d’une pénurie d’énergie pour que le photovoltaïque se fasse enfin une place au soleil dans notre pays. Et pourtant! Le potentiel suisse en la matière n’a pas à rougir. Il est même, relativement à la taille du territoire, bien plus important qu’en Allemagne, qui a pris le train du solaire avec succès. Dans les Alpes, le rendement atteint des valeurs similaires à celles de l’Espagne. Dans les villes, la densité du bâti offre des surfaces toutes dédiées.
Un effort important a été fourni pour cartographier ce potentiel. A l’échelle du Grand Genève, on pourrait produire quelque 3200 gigawatt-heure. L’objectif du canton, lui, ne vise que 350 GWh d’ici 2030. C’est trop peu! Les discussions au niveau fédéral se dirigent avec la même frilosité vers une solution de demi-mesure, fortement critiquée par les associations environnementales.
Dans ce contexte, l’initiative vert’libérale lancée à Genève pour booster le solaire ne peut faire que du bien. Son aboutissement ancrerait la volonté populaire pour une politique ambitieuse en matière d’énergie solaire. Elle a cependant un écueil: elle ne mise que sur des aides et mesures incitatives pour réaliser cette transition. Cela suffira-t-il?
L’application des obligations énergétiques en matière d’isolation laisse craindre que non. On constate que six ans après l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions, le parc immobilier est encore loin d’être entièrement aux normes. Une faiblesse dont a tenu compte la Grève du climat en rédigeant son plan d’action climatique. Au rayon de la transition énergétique, elle demande qu’en sus des subventions et aides pour les installations solaires, toutes les surfaces utiles à la production photovoltaïque non utilisées soient amendées chaque année, à hauteur de l’étendue perdue.
Car si la carotte solaire apparaît aujourd’hui alléchante, le sera-t-elle encore quand la guerre s’éloignera, que le black-out redeviendra une hypothèse lointaine, que l’inflation ne fera plus la une des journaux? Le passé nous a appris que la bonne volonté a tendance à durer le temps d’une crise. Catastrophe de Fukushima et pandémie de coronavirus ont fait naître des velléités de changement louables mais sitôt oubliées. Nous n’avons plus le temps de refaire les mêmes erreurs éternellement.