Le contre-projet à l’initiative dite des glaciers a passé hier une étape importante: le Conseil national a accepté un contre-projet. Une mouture qui, si elle ne va pas assez loin au regard des objectifs de l’accord de Paris, ne manque tout de même pas de mérites.
Au point qu’un retrait de l’initiative au profit du texte du National relève du domaine du possible. Mais c’est sans doute aller un peu vite en besogne, tant il est vrai que le Conseil des Etats doit maintenant se saisir du projet issu des travaux de la Chambre basse.
Côté bonnes nouvelles, on notera que la Suisse se fixe des objectifs un tant soit peu concrets. Le but étant d’atteindre une neutralité carbone d’ici à 2050. Deuxième accessit, l’extrême droite – notoirement climato-sceptique – n’a guère réussi à polariser et à entraîner dans son laissé-faire climatique les députés du Parti libéral-radical.
Côté verre à moitié vide, on note en revanche que le trafic aérien – qui pèse grosso modo pour un quart de nos émissions de CO2 – reste un angle mort de la politique climatique suisse. Deuxième absent: la finance. Or, le rôle de la Suisse est énorme dans ce domaine. Les seuls investissements de la Banque nationale à l’étranger doublent notre empreinte carbone!
Enfin, dernier regret: on voit bien que la Suisse agit, comme c’est souvent le cas, un peu sous la contrainte extérieure. L’Union européenne a ainsi lancé le processus pour bannir le moteur thermique dans les nouveaux véhicules à partir de 2035. Et, mardi, les députés européens ont refusé la saugrenue idée de labelliser «courant vert» l’électricité nucléaire promue par le nucléocrate Emmanuel Macron. Bref, la Suisse subit plutôt que d’être visionnaire et innovatrice. Ce qui n’est jamais un gage d’efficience.