La parade fasciste des chemises blanches
Nos grands-parents se retournent dans leurs tombes. Ils ont connu des dizaines de parades fascistes, chemises brunes et chemises noires, souvent accompagnées de ratonnades, voire de pogroms. Nous, qui avons le privilège de n’avoir pas vécu ces expériences, n’en sommes pas moins fortement imprégné·es, et leurs images accompagnent encore souvent nos nuits.
Celles et ceux de leurs enfants ou petits-enfants qui ont fait le choix de s’installer en Palestine et d’y établir un Etat juif ont engendré une mutation générique qui a su créer ses propres parades fascistes avec ses hordes de «chemises blanches».
A l’occasion de la Journée de Jérusalem, qui commémore l’occupation et l’annexion de Jérusalem-Est en 1967, 30 000 fascistes israéliens en chemises blanches paradaient le 29 mai dernier au cœur du quartier musulman de la vieille-ville, criant des slogans racistes et des chants nationalistes, frappant parfois les résidents arabes qui n’avaient pas eu le temps de s’enfermer chez eux comme la police le leur avait conseillé.
La «Marche des drapeaux», comme ils la dénomment, ressemblait à s’y méprendre à toutes les parades fascistes dont nos grands-parents ont souvent été les victimes, sauf que cette fois les slogans étaient en hébreu, et les pogromistes «made in Israel».
Après avoir paradé dans le quartier musulman de la vieille-ville et prié au mur des Lamentations, les marcheurs se sont répandus dans toute la ville, continuant à hurler leurs slogans et à brandir leurs drapeaux.
Comme pas mal de mes ami·es, je me suis enfermé dans ma maison, et j’ai fermé les fenêtres pour ne pas entendre les chants racistes, et surtout ne pas respirer l’odeur fétide qui s’est répandue dans ma ville, une ville que j’aime passionnément, mais dans laquelle je me sens de plus en plus étranger.
Michel Warschawski est militant anticolonialiste israélien, fondateur du Centre d’information alternative (Jérusalem/Bethléem).