Édito

C’est toujours non!

C’est toujours non!
Tag sur une affiche électorale de la candidate d'extrême droite, à Neuville-sur-Saône, près de Lyon, 21 avril 2022. KEYSTONE
France

Choisir entre la peste et le choléra, ne reste-t-il que ça à l’électorat de gauche? Le débat de l’entre-deux tours rassemblant un président en exercice arrogant et une candidate d’extrême droite vociférant son islamophobie, tous deux chantres du capitalisme, a certainement renforcé les camps du vote blanc et de l’abstention. Les apparences reflètent les efforts d’une extrême droite qui a joué la carte de la dédiabolisation. Elle n’en est pas pour autant devenue fréquentable. Laisser Marine Le Pen accéder à la présidence, c’est ouvrir la voie à un parti fasciste, qui s’empressera d’étendre son emprise sur l’ensemble de l’administration, démantèlera la justice et s’attaquera à toute forme d’opposition. Un regard du côté de la Russie de Poutine ou de la Hongrie d’Orban, inspirations dont la candidate du Rassemblement national ne se cache pas, fait frémir. Le premier se rend coupable de crimes de guerre. Au tableau de chasse du second: réforme de la Constitution pour donner les pleins pouvoirs au parti majoritaire, stigmatisation des minorités, mainmise sur les médias. Un verrouillage qui n’a laissé aucune chance à l’alternative lors des dernières législatives.

En cas de victoire de Marine Le Pen dimanche, rien n’indique que la France fera mieux. En 2017 déjà, la candidate ne cachait pas que si elle devait être élue, et si le résultat des législatives suivantes ne devait pas lui convenir, elle dissoudrait l’Assemblée et changerait le mode de scrutin, octroyant une prime de 30% au premier parti. Soit une majorité d’office. Elle promet un référendum d’initiative citoyenne? Une aubaine, l’onction du peuple pour finir de discréditer toute opposition. La France connaîtra davantage de violences: envers les personnes de confessions musulmanes, les femmes, les immigré·es, les minorités sexuelles. La violence d’Etat d’une police adoubée, et celle plus insidieuse d’un fascisme décomplexé.

L’alternative Macron est tout sauf réjouissante. Elle résonne avec répression des mouvements contestataires, politique d’asile durcie, incapacité de porter un projet social et écologique. Mais elle ne réduit pas en cendres l’appareil d’Etat. L’existence d’une opposition à l’Assemblée, et surtout dans la rue, reste possible. C’est là que la résistance devra continuer à s’exercer, et ce serait jouer avec le feu que de croire que l’élection de Marine Le Pen la renforcera. Mais que Macron se tienne prêt: un bulletin de vote à son nom n’a rien d’un blanc-seing.

Opinions International Édito Maude Jaquet Selver Kabacalman France Election présidentielle

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