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Paysage d’une vie

Cette chronique littéraire a été écrite par une étudiante en Lettres de l’université de Genève, dans le cadre de l’atelier d’écriture animé par Natacha Allet et Magali Bossi.
Paysage d’une vie
Roman

Dans son nouveau livre, P.M. Ziegler, peintre, Noëlle Renaude propose, en cinquante­-deux tableaux, l’histoire de l’homme avec qui elle a partagé quarante ans de sa vie. Cet homme, Pierre Marie Ziegler, est «peintre tout court». Plus qu’un titre, c’est une revendication qui refuse les connotations classistes généralement associées à des titres tels que «plasticien» ou «artiste». L’acte de peindre ne consiste, à ses yeux, qu’à «couvrir tout simplement une surface plane avec de la peinture».

Derrière cette apparente naïveté se cache un discours bien plus complexe. Le récit retrace les états d’âme, tant nébuleux que tragiques, d’un peintre qui place l’acte de peindre au centre de son existence. Son premier coup de pinceau a pris l’allure d’un premier «je t’aime»; tout comme il est impossible de revenir en arrière après une telle déclaration, il aura été impossible pour Pierre Marie Ziegler, après sa première toile, d’envisager une autre ­activité.

Cette analogie amène à un autre point fondamental de ce récit de vie: l’amour unissant le personnage principal et la narratrice. Cet amour se déploie sous plusieurs formes: passion, euphorie, colère, quotidien, névrose. De longues énumérations, dans une prose à la fois humble et poétique, nous plongent dans une méditation sur l’irréductibilité de la peinture et de l’humain. Le souvenir de Ziegler est omniprésent et fourmille de détails. On ne parvient cependant jamais à le saisir entièrement. Noëlle Renaude livre l’image précieuse et sensible d’un homme étrangement «bien dans ce monde qui ne lui va pas».

Noëlle Renaude, P.M. Ziegler, peintre, Ed. Inculte, Paris, 2022, 178 pp.

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