L’ Eden ou l’ Enfer
Dans son deuxième roman intitulé Fuir l’Eden, Olivier Dorchamps décrit, à travers les yeux du jeune Londonien Adam, un quotidien pénible dans un immeuble délabré au nom ironique d’Eden Tower. Entre ses murs se trouve l’appartement qu’occupent le protagoniste, sa petite sœur Lauren et l’autre. L’autre, c’est son père. L’alcoolique, l’homme violent, le xénophobe, le violeur. Depuis le départ de leur mère, Adam tente à tout prix de protéger Lauren.
Il embellit le passé par ses récits et rêve de leur offrir un futur au-delà de l’Eden. Malgré la disparition de sa mère, il ne manque pas de modèles féminins. Il y a sa grand-mère et Claire, une ancienne professeure aveugle qui l’emploie pour lui faire la lecture. A la violence de son père et de son environnement s’opposent la bienveillance de ces femmes, de son premier amour Eva, et celle de ses deux meilleurs amis.
C’est dans un langage familier que ce roman social se déploie. Le récit, souvent tragique, contient toutefois quelques touches d’humour. Les analepses, présentes tout au long du roman, sèment les indices d’une pièce manquante dans l’histoire familiale d’Adam. Cependant, elles entravent souvent l’avancée du récit et leur économie aurait été parfois judicieuse. En effet, le rythme de la narration est un peu lent jusqu’à l’aboutissement du roman, qui survient quant à lui de façon très hâtive. Finalement, si l’histoire d’amour annoncée sur la quatrième de couverture entre Adam et Eva occupe une place dérisoire, l’amour fraternel, lui, prend une importance capitale, à tel point qu’il mènera le héros à son salut et à sa perte.
Olivier Dorchamps, Fuir l’Eden, Ed. Finitude, 2022, 272 pp.