Genève

«Vigousse» dégaine l’humour contre Versoix

Ce vendredi, le journal satirique Vigousse consacre un numéro spécial à la commune de Versoix.
«Vigousse» dégaine  l’humour contre Versoix
Liberté de la presse

Comparé à Versoix, le paradis, c’est l’enfer! Versoix, «la commune où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil», est à ce point le nombril du monde qu’il ne faut plus dire «Lac Léman ou de Genève», mais «lac de Versoix»! Ce vendredi, le journal satirique Vigousse consacre un numéro spécial à la municipalité genevoise, dans lequel «vous ne trouverez que des informations positives», précise l’édito du rédacteur en chef, Stéphane Babey.

Pourquoi un tel «honneur»? Parce que depuis la publication en septembre dernier d’un article sur des dysfonctionnements dans l’administration, qui chargeait le secrétaire général, «le petit satirique romand croule sous les plaintes tant civiles que pénale».

Vigousse est l’objet de deux procédures devant la justice civile vaudoise à titre provisionnelle, l’une émanant du secrétaire général et l’autre de la commune. L’auteur de l’article est aussi poursuivi sur le plan pénal. A Genève, la justice civile a été saisie contre Téléversoix, qui a également dénoncé des dysfonctionnements, puis, plus tard, publié un entretien de Charles Poncet, avocat à titre gracieux de Vigousse dont les propos envolés et virulents contre les plaignants n’ont pas eu l’air de leur plaire. Les deux médias ont également été dénoncés au Conseil suisse de la presse. A noter que la commune prend en charge les frais de justice de son employé.

Vigousse ne s’attarde pas sur les détails de cette affaire «qui sera jugée ultérieurement». Mais précise que l’avocat de Versoix, Romain Jordan, a demandé lors d’une première audience que le journal n’ait plus le droit à l’avenir de mentionner cette commune dans ses colonnes, selon l’édito. «On vous laisse mesurer l’énormité de cet acte de censure.» Le tribunal a rejeté cette demande, poursuit le rédacteur en chef, mais l’avocat serait revenu à la charge en exigeant que le satirique n’ait plus le droit de parler de la commune «en des termes négatifs». La réponse n’est pas encore tombée.

Romain Jordan, lui, explique que «c’est plus compliqué que cela. Il n’y a pas de volonté de museler la presse, mais seulement d’éviter des propos diffamatoires et calomniateurs à l’encontre de collaborateurs dont la municipalité a le devoir de protéger la personnalité».

Réponse du berger à la bergère: huit pages spéciales, dont la couverture, pour «satisfaire les autorités versoisiennes». Versoix devient un havre de paix, seule ville de Suisse «où personne n’est malhonnête ni méchant». Si des médias devaient être incités à enquêter sur ce qui se trame vraiment, ils perdraient leur temps, tout y va pour le mieux, conclut le rédacteur en chef.

L’ironie provocante – et ce n’est que le prénom – a de quoi faire fonctionner les maxillaires. Pas sûr qu’elle détende l’atmosphère au tribunal.

Précision

Avocat de la Ville de Versoix, Romain Jordan a tenu à réagir en découvrant le numéro de Vigousse: «C’est n’importe quoi, même si je concède que le procédé pourrait faire sourire à la forme si l’honneur de la ville et de plusieurs de ses agents n’étaient pas en jeu. Ces affirmations sont contraires à la vérité. Nous avons voulu éviter des propos diffamatoires et calomniateurs sans, évidemment, demander à ce que « Vigousse » soit muselé de manière générale. Et nous avons obtenu gain de cause. Vexé, Vigousse choisit la fuite en avant; je le regrette à titre personnel.»

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