Je condamne l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe; je condamne avec la même fermeté les politiques arrogantes, immorales et hypocrites de l’Occident qui y ont conduit.

Rappelons-nous les accords Gorbatchev-Reagan et la fin de la guerre froide. La partie occidentale s’engagea à ne pas élargir l’OTAN à l’Est. Résultat: les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas tenu parole, et ont fait fi des propositions de coopération de Poutine au début de son premier mandat. Ils cédèrent avec empressement à toutes les volontés de certains Etats, dont quelques-uns ont une conception bien particulière des droits de l’homme, pour arriver aux frontières de la Fédération de Russie, et ce, malgré la dissolution du pacte de Varsovie, qui était soi-disant la raison d’être de l’OTAN. Celui-ci a d’ailleurs montré depuis qu’une menace n´est pas nécessaire pour qu’il mette son grain de sel. Ainsi, récemment, il a prêté main forte au Maroc, allié des Etats-Unis, contre les Sahraouis. Quant à la «révolution de Maidan» en 2014, elle fut un coup d’Etat déguisé, organisé par les Etats-Unis, et dans lequel avait trempé le financier George Soros, contre un président légitimement élu.

A mes yeux donc, les responsabilités de ce désastre humanitaire sont largement partagées. L’Occident libéral, soi-disant humaniste, y endosse une lourde responsabilité. Et je regrette que la Suisse ait emboîté le pas à l’UE sans discernement contre la Russie, sous la pression sans nul doute des Etats-Unis, privant la communauté internationale des compétences de médiation reconnues de notre pays pour tenter de faire taire les armes et arrêter la tragédie.

Je terminerai en faisant part de ma crainte d’un désastre collatéral: la diabolisation unilatérale de la Russie crée l’écran de fumée idéal pour détourner l’attention du public des multinationales qui saccagent la nature et le climat, et massacrent les dernières communautés indigènes.

Claude François Béguin,
Genthod (GE)